Le Courrier | Hypothermie au centre d’asile
Placé dans une « cellule de dégrisement », un homme hébergé au Centre fédéral pour requérant·e·s d’asile de Boudry a été admis en état d’hypothermie avancée le samedi 13 février dernier. Le Secrétariat d’État aux migrations dit avoir ouvert une enquête.
Nous reproduisons ci-dessous l’article du Courrier publié par Julie Jeannet du 17 février 2021. La presse indépendante a besoin de notre soutien pour rester libre.
Hypothermie au centre d’asile
Placé dans un container faisant office de «cellule de dégrisement», un homme hébergé au Centre fédéral pour requérants d’asile de Boudry a été admis en état d’hypothermie avancée samedi matin aux urgences. Le Secrétariat d’Etat aux migrations dit avoir ouvert une enquête.
Un homme hébergé au Centre fédéral pour requérants d’asile de Boudry (NE) a été admis aux urgences en état d’hypothermie avancée, samedi en fin de journée, a révélé RTN. Selon la radio neuchâteloise, il aurait été placé dans un container faisant office de «cellule de dégrisement» par des agents de la société Protectas. Celle-ci est mandatée par la Confédération pour assurer la sécurité du site depuis janvier 2020.
Après une quinzaine de minutes passées dans la cellule, le requérant d’asile aurait été pris d’un malaise et les agents auraient appelé l’ambulance. RTN précise qu’à son arrivée à l’hôpital, sa température n’était que de 33 degrés. Le Ministère public neuchâtelois a ouvert une instruction pour établir les circonstances de ce drame.
Enquête en cours
Le Secrétariat d’Etat aux migrations, qui gère tous les centres fédéraux d’asile (CFA) du pays, écrit par e-mail qu’une enquête concernant cet homme a été ouverte. Il attend sa conclusion pour se prononcer sur les circonstances exactes de ces évènements. Il a cependant affirmé à RTN que «tous les locaux destinées à l’hébergement ou à l’administration des centres sont pourvus de chauffage». D’après les informations recueillies par la radio, ces lieux ne sont chauffés que lorsqu’ils sont utilisés. Les agents auraient-ils oublié de chauffer la cellule samedi ou aurait-elle été l’objet d’un problème technique?
Ces questions interpellent une nouvelle fois sur la gestion de la sécurité dans les centres d’asile fédéraux. Au printemps dernier, quatre requérants d’asile avaient porté plainte contre des agents de sécurité du centre de Chevrilles dans le canton de Fribourg. Ils affirmaient avoir été victimes de violences physiques (notre édition du 18 juin 2020). Certains d’entre eux ont, depuis, été expulsés du pays.
Formation approfondie nécessaire
Dans son dernier rapport, la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) avance que «les bases légales formelles régissant l’utilisation des salles de réflexion ne sont pas suffisantes». Elle ajoute qu’il «existe un potentiel d’amélioration considérable en ce qui concerne la manière de gérer les conflits et les griefs de violences.»
En juin, Le Courrier avait recueilli plusieurs témoignages d’agents de sécurité se plaignant de conditions de travail difficiles et précaires. Certains affirmaient que «le recours à la violence était valorisé au détriment du dialogue». La CNPT demande dans son rapport que le SEM veille «à ce que les entreprises de sécurité qu’elle mandate recrutent des employés expérimentés et qualifiés et leur assurent une formation approfondie aux spécificités du travail dans un CFA». Selon cette dernière, «il y a lieu de prévoir une formation nettement plus longue et plus poussée concernant la sécurité, les techniques de désescalade et la communication interculturelle et non violente».