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SOS MÉDITERRANÉE | L’urgence de trouver un port sûr

Ce n’est pas seulement une obligation morale de fournir rapidement un lieu sûr aux personnes secourues en mer, c’est aussi une obligation légale. Nous appelons les pays du continent européen à faire preuve de solidarité et à soutenir les États côtiers. Les autorités maritimes ne peuvent pas nous laisser plus longtemps dans des conditions aussi désastreuses. Une solution doit être trouvée maintenant.

communiqué de presse de SOS Méditerranée, 8 juillet 2021

L’organisation SOS Méditerrannée lance un appel urgent aux Etats européens pour qu’ils désignent un port sûr pour le débarquement de 572 rescapés que le bateau a sauvé des eaux. Voilà plusieurs jours que l’équipe de l’Ocean Viking, qui a opéré plusieurs sauvetages ces derniers jours, demande l’accès à un lieu sûr, sans réponse des autorités maritimes. Nous publions ci-dessous le communiqué de presse.

Lire également l’article de Andres Allemand Smaller, « Non, les sauvetages ne créent pas plus de migrants!« , Tribune de Genève, 7 juillet 2021. (abonnés)

Une situation qui dépasse l’imaginable. Extrêmes tensions et épuisement à bord de  l’Ocean Viking. 

Luisa Albera, coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking : “La situation à bord de l’Ocean Viking empire d’heure en heure. Le temps n’est plus aux discussions. Une solution doit être trouvée immédiatement et un lieu sûr doit être désigné pour le débarquement des 572 rescapés actuellement à bord. Malgré cinq demandes de lieu sûr envoyées par l’Ocean Viking aux autorités maritimes compétentes, nous ne voyons toujours rien venir. Faire attendre les rescapés sur le pont de notre navire, exposés au soleil et aux éléments, est inhumain. Cela dépasse l’imagination. Inévitablement, les tensions et l’épuisement sont à l’extrême à bord de l’Ocean Viking.

Hier soir, un homme en grande détresse psychologique a sauté par-dessus bord. Il a expliqué son geste désespéré en disant qu’il aurait pu tenir s’il avait su quand le débarquement aurait lieu, mais qu’il « ne pouvait plus supporter l’incertitude ». Les équipes médicales et de soins voient monter  la détresse psychologique et  l’épuisement chez les femmes, les enfants et les hommes à bord. L’un des deux mineurs en situation de handicap présente des signes de raideur corporelle croissante due au manque de mouvements physiques. Il a dû être transféré dans la clinique cette nuit. Un navire est par définition un moyen de transport temporaire vers un lieu sûr pour les personnes secourues en mer. Garder des personnes sur un navire pendant une période prolongée, alors qu’elles viennent de vivre une expérience de mort imminente en mer, ajoute une violence et une souffrance inutiles et évitables.

De plus, nous serons à court de rations alimentaires demain et nous ne serons plus en mesure de répondre aux besoins nutritionnels de tous les rescapés d’ici samedi. Avec plus de 570 rescapés accueillis sur le pont arrière de l’Ocean Viking, tout l’espace est exploité, ce qui rend presque impossible pour nos équipes la distribution de tout autre type de nourriture que des rations préemballées couvrant les besoins nutritionnels d’une personne pour 24 heures. Les repas cuisinés nécessiteraient trop de temps à préparer pour couvrir les besoins de tous et seraient trop compliqués à distribuer alors même que  les rescapés peuvent à peine se déplacer sur le navire. 

Comme si la situation dramatique des rescapés ne suffisait pas, le temps va se dégrader demain. Si aucune solution n’est trouvée d’ici ce soir, l’Ocean Viking devra demain se mettre à l’abri à l’est de la Sicile.  Ce n’est pas seulement une obligation morale de fournir rapidement un lieu sûr aux personnes secourues en mer, c’est aussi une obligation légale. Nous appelons les pays du continent européen à faire preuve de solidarité et à soutenir les États côtiers. Les autorités maritimes ne peuvent pas nous laisser plus longtemps dans des conditions aussi désastreuses. Une solution doit être trouvée maintenant. »