OIM | Augmentation des décès par la mer vers l’Europe
L’analyse, produite par le Projet sur les migrants disparus (Missing Migrants) du Centre mondial d’analyse des données sur la migration (CMADM) de l’OIM, montre une augmentation du nombre de décès et des opérations de recherche et de sauvetage insuffisantes en Méditerranée et sur l’itinéraire de l’Atlantique vers les îles Canaries, à un moment où les interceptions au large des côtes nord-africaines sont également en hausse.
Téléchargez ici le rapport complet « Migrant Deaths on Maritime routes to Europe in 2021 » publié le 13 juillet 2021 ou sur le site de l’OIM. Nous reproduisons ici leur communiqué de presse.
Les décès le long des itinéraires migratoires maritimes vers l’Europe explosent au cours du premier semestre 2021
Berlin – Au moins 1 146 personnes sont mortes en tentant de rejoindre l’Europe par la mer au cours des six premiers mois de 2021, selon une nouvelle note publiée aujourd’hui par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les décès le long de ces itinéraires ont plus que doublé depuis le début de l’année par rapport à la même période en 2020, au cours de laquelle 513 migrants se sont noyés.
La note fait la lumière sur la situation actuelle le long de certaines des itinéraires migratoires maritimes les plus dangereux au monde. Tandis que le nombre de personnes tentant de rejoindre l’Europe via la Méditerranée a augmenté de 58 pour cent entre janvier et juin de cette année par rapport à la même période en 2020, plus de deux fois plus de personnes ont perdu la vie.
« L’OIM réitère l’appel lancé aux États pour qu’ils prennent des mesures urgentes et proactives afin de réduire les pertes humaines le long des itinéraires migratoires maritimes vers l’Europe et qu’ils respectent leurs obligations en vertu du droit international », déclare le Directeur général de l’OIM, António Vitorino. « L’intensification des efforts de recherche et de sauvetage, la mise en place de mécanismes de débarquement prévisibles et la garantie d’un accès à des voies de migration sûres et légales sont des étapes clés pour atteindre cet objectif. »
L’analyse, produite par le Projet sur les migrants disparus du Centre mondial d’analyse des données sur la migration (CMADM) de l’OIM, montre une augmentation du nombre de décès et des opérations de recherche et de sauvetage insuffisantes en Méditerranée et sur l’itinéraire de l’Atlantique vers les îles Canaries, à un moment où les interceptions au large des côtes nord-africaines sont également en hausse.
A ce jour en 2021, la plupart des hommes, femmes et enfants qui ont péri en essayant de rejoindre l’Europe tentaient de traverser la Méditerranée, où 896 décès ont été recensés par l’OIM.
Au moins 741 personnes sont mortes sur l’itinéraire de la Méditerranée centrale, tandis que 149 personnes ont perdu la vie en traversant la Méditerranée occidentale et six sont mortes sur la route de la Méditerranée orientale, reliant la Turquie à la Grèce.
Au cours de la même période, quelque 250 personnes se sont noyées en tentant de rejoindre les îles Canaries en Espagne par l’itinéraire reliant l’Afrique de l’Ouest à l’Atlantique. Toutefois, ce chiffre pourrait bien être sous-estimé. Des centaines de cas de naufrages invisibles ont été signalés par des ONG en contact direct avec les personnes à bord ou avec leurs familles. Ces cas, qui sont extrêmement difficiles à vérifier, indiquent que le nombre de morts le long des itinéraires maritimes vers l’Europe est bien plus élevé que ce que les données disponibles indiquent.
Un exemple est celui du 24 mars, lorsque Sohail Al Sagheer, un rappeur algérien de 22 ans, a disparu alors qu’il quittant Oran, en Algérie, avec neuf amis, pour se rendre en Espagne. Sa famille a cherché désespérément à savoir ce qui lui était arrivé, anéantie par des rumeurs selon lesquelles il figurait parmi les victimes d’un naufrage au large d’Almería, en Espagne. Son corps a finalement été retrouvé le 5 avril, au large de la côte d’Aïn Témouchent, en Algérie.
La note montre également une augmentation, pour la deuxième année consécutive, des opérations maritimes des États d’Afrique du Nord le long de l’itinéraire de la Méditerranée centrale. Plus de 31 500 personnes ont été interceptées ou secourues par les autorités nord-africaines au cours du premier semestre 2021, contre 23 117 au cours des six premiers mois de 2020.
Ces opérations au large des côtes tunisiennes ont augmenté de 90 pour cent au cours des six premiers mois de 2021 par rapport à 2020. En outre, plus de 15 300 personnes ont été renvoyées en Libye au cours des six premiers mois de 2021, soit près de trois fois plus qu’à la même période en 2020 (5 476 personnes). Cette situation est préoccupante car les migrants qui sont renvoyés en Libye sont victimes de détentions arbitraires, d’extorsions, de disparitions et d’actes de torture.
La note met en évidence les lacunes actuelles en matière de données sur la migration maritime irrégulière vers l’Europe. De meilleures données peuvent aider les États à respecter de toute urgence leurs engagements au titre de l’objectif 8 du Pacte mondial sur les migrations, à savoir « sauver des vies et mettre en place des efforts internationaux coordonnés pour les migrants disparus ».