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Documentation

Églises contre l’extension de Frontex | Les droits humains ne sont pas négociables

En perspective de la votation du 15 mai sur l’augmentation des moyens alloués par la Suisse à l’Agence européenne de garde-côtes et garde-frontières, les milieux des églises appellent à apporter une voix ecclésiale dans le débat à venir. « Nous sommes convaincus qu’en tant que chrétiennes et chrétiens et en tant qu’Églises, nous devons prendre position contre cette situation catastrophique aux frontières extérieures de l’Europe ». Un site Internet a été lancé par des théologien·nes et pasteur·es permettant d’apporter son soutien à la démarche. Les initiants estiment que la situation internationale actuelle devrait amener à revoir les pratiques brutales menées par les gardes-frontières européens plutôt qu’à les renforcer:

Nous sommes profondément bouleversés par l’invasion russe en Ukraine et nos pensées vont vers toutes les victimes. Nous sommes heureux que les frontières se soient ouvertes pour les réfugié.es et nous sommes touchés par l‘immense solidarité. Cela nous montre qu’il est possible de protéger les personnes plutôt que les frontières. Cela devrait également être le cas pour les personnes déplacées et persécutées en provenance d’autres régions en crise ou en guerre. 

Andrea Meier, Verena Mühlethaler, Pierre Bühler, Andreas Nufer, Jacob Schädelin et 
l’équipe de base du comité des Églises contre l’extension de Frontex

Nous publions ci-dessous la prise de position figurant sur le site Eglises contre l’extension de Frontex (en allemand et français)

Le long de la route des Balkans ou en mer Méditerranée, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex ne cesse de violer les droits humains. C’est pourquoi, en tant que chrétiennes et chrétiens, en tant qu’Églises, nous disons NON à l’extension de Frontex le 15 mai. Les droits humains ne sont pas négociables.​

Le 15 mai, les citoyennes et citoyens suisses décideront dans l’urne si la contribution suisse à l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex devrait passer de 14 à 61 millions par année. En même temps, il s’agirait d’augmenter le nombre de garde-frontières suisses appelés à travailler au service de Frontex. 

Au cœur de la protection internationale des réfugié.es se trouve le principe que tout être humain a le droit de chercher asile dans un pays et de ne pas être refoulé vers un pays où sa vie et sa liberté sont menacées. La réalité aux frontières extérieures de l’Union européenne est tout autre : de manière systématique et violente, on empêche des enfants, des femmes et des hommes de passer la frontière ; ils n’ont donc aucune chance d’obtenir une procédure d’asile au sein de l’Union européenne. 

Frontex est au courant de ces violations des droits humains et détourne activement son regard. Pire encore : dans de nombreux cas, l’agence est elle-même impliquée dans des refoulements illégaux et violents. Des prises de vue attestent que Frontex est souvent présente lorsque des garde-côtes nationaux détruisent des moteurs de bateaux et abandonnent des fugitifs en mer. De plus, Frontex collabore avec les prétendus garde-côtes libyens qui interceptent de nombreux bateaux et les reconduisent de force en Libye. Pour nous, Frontex est donc responsable, puisqu’elle sait et participe de manière complice. 

Le référendum permet de lancer une discussion qui aurait dû se faire depuis longtemps sur les violations systématiques des droits humains aux frontières extérieures de l’Union européenne. En tant que personnes engagées dans les Églises, nous avons la conviction que :

  • Tous les êtres humains sont créés à l’image de Dieu et doivent donc être protégés dans leur dignité de manière inconditionnelle.
  • Les droits fondamentaux valent de manière égale pour tous les êtres humains.
  • Les droits humains ne sont pas négociables.En tant que chrétiennes et chrétiens, en tant qu’Églises, nous devons prendre position contre cette situation catastrophique aux frontières extérieures de l’Europe. C’est pourquoi, le 15 mai, nous disons NON à l’extension de Frontex.