Genève | Accueil et formation: ça fourmille à la Roseraie
Cela ressemble un peu à l’entrée d’une école. Un grand escalier et des couloirs ponctués de portes. Derrière celles-ci, à chaque fois un petit univers différent. Là, une salle remplie d’ordinateurs. Ici, une cuisine semi-industrielle, là une grande salle polyvalente, plus loin un lieu aménagé pour accueillir les petits enfants, quelques petits bureaux. Le moindre recoin a été utilisé, même le hall transformé en salle à manger. Le Centre d’accueil et de formation de la Roseraie*, ouvert en septembre dernier dans les locaux d’une paroisse, est un lieu éclectique. Créé par la «Fondation les réfugiés d’hier accueillent les réfugiés d’aujourd’hui», il est ouvert à toutes les populations migrantes, quelque soit leur statut et leur nationalité, bien que les requérants d’asile soient la population majoritaire. Il a deux mandats: l’accueil et la formation.
Démarrage en douceur
Après une période d’immersion dans les milieux de l’asile et les réfugiés, la responsable a démarré les premières activités en juillet dernier en mettant sur pied des cours de français à la demande de jeunes somaliens, pour améliorer leurs connaissances. Puis, c’est les mamans qui sont venues, les sœurs, les cousines, etc. Pour permettre aux femmes de suivre des cours, il a fallut accueillir les enfants, et c’est comme cela qu’un jardin d’enfants a été mis sur pied. Parallèlement une salle d’informatique a été installée pour donner les cours (windows, excell, internet, etc.), mais en dehors de ceux-ci, la douzaine d’ordinateurs qui s’y trouvent, bénéficiant tous d’une connexion à Internet, sont mis gratuitement à la disposition des réfugiés contre l’adhésion à une charte d’utilisation. Des partenariats ont été instaurés avec d’autres lieux de formation, comme l’accès gratuit aux tests de niveaux du français de l’Université ouvrière de Genève (UOG).
Soutien à la recherche d’emploi
Très rapidement est apparue une demande très forte: le travail. Les personnes voulaient travailler, pour vivre décemment, pour ne plus être à l’assistance. En septembre, la Fondation a engagé un psychologue du travail, et le Réseau Emploi a démarré.
Aujourd’hui, deux cents personnes sont passées par le Réseau Emploi, dont 80% en possession de permis N (requérants d’asile) ou F (admis provisoires), aussi bien des hommes que des femmes. Ils reçoivent une aide pour rédiger leur curriculum vitae, se présenter à un employeur, passer les entretiens d’embauche. Mais la principale particularité du Réseau Emploi est de prendre contact avec des employeurs pour trouver des places de travail dans tous les domaines, et surtout d’effectuer le suivi sur le lieu de travail. Cela permet de régler les «malentendus», comme la personne à qui l’on demande de passer la panosse (les Suisses comprendront), et qui ne bronche pas. Cela aide aussi la personne à se rendre compte des priorités des demandes qui lui sont formulées dans le cadre de son travail.
Partenariats ouverts
Le psychologue les aide aussi à se rendre compte de ce que cela signifie travailler en Suisse, les aide à déterminer leurs motivations, à définir dans quels domaines ils envisagent de travailler. Depuis septembre, quarante-sept personnes ont trouvé un emploi grâce au Réseau Emploi sur la centaine qui sont «prêts» à travailler. La majorité dans la restauration et l’hôtellerie. Dans ce domaine, des partenariats sont également ouverts avec divers organismes comme Interface Entreprise de l’Office d’orientation professionnelle qui coordonne des stages en entreprise, ou l’Oeuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO) qui vient d’ouvrir un programme pour les réfugiés statutaires.
Les petits bienvenus
Début 2002, deux nouvelles collaboratrices sont arrivées, d’abord comme stagiaire via l’Office cantonal de l’emploi. L’une pour s’occuper des enfants et l’autre de la cuisine. La garderie prend en charge les enfants dont les mamans suivent des cours. Elle dépanne aussi les mamans qui travaillent ou qui ont une urgence. Ouverte quelques demi-journées par semaines, elle permet également une socialisation des enfants pour qui, souvent, c’est la première «séparation». Elle prépare également à l’entrée à l’école. Des démarches sont en cours pour obtenir un poste de jardinière d’enfant supplémentaire, afin d’ouvrir la garderie sur l’extérieur et accueillir des enfants du quartier.
Petit tour par la cuisine
Un autre projet est la cuisine, comme un outil à disposition des personnes qui ont envie de faire connaître les recettes de leur pays d’origine et dégager ainsi un petit appoint. C’est comme cela que la table d’hôtes est née. Ouvertes depuis février, les tables d’hôtes reçoivent la clientèle du quartier pour le repas de midi. Chaque jour, un cuisinier ou une cuisinière vient faire un plat de son pays et est rétribué pour cela. Le tout est coordonné par une coordinatrice-cuisine et un cuisinier. Le service est assuré par un stagiaire de l’Université populaire albanaise (UPA) et un jeune homme qui vient du RMCAS (revenu minimum cantonal d’aide sociale) qui fait ici sa prestation. Cette expérience a permis par ailleurs de faire un travail avec des diététiciennes de l’hôpital pour montrer aux femmes comment cuisiner avec moins d’huile ou de féculent, pour un résultat identique.
Des projets en stock
D’autres projets mijotent à la Roseraie, parmi eux la tenue de stands de nourritures et de boissons lors de manifestations culturelles, sportives, de fêtes de villages, etc, pour profiter de faire des passerelles entre les populations genevoise et étrangère à travers la nourriture. Et la mise sur pied d’une formation reconnue d’aide-soignante destinée aux requérants d’asile et réfugiés, car les cours existants sont limités d’accès. Lieu privilégié de par son indépendance financière, le Centre de la Roseraie se veut un lieu complémentaire à l’offre existante sur le canton. Un lieu vivant, à l’écoute des besoins de populations migrantes.
* Centre d’accueil et de formation de La Roseraie, 2 rue de la Maladière, 1205 Genève, tél. 022 321 08 30, fax 022 321 08 31, e-mail: centreroseraie@hotmail.com