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Notre regard

L’ODM mise tout sur des mesures incertaines…

«Tolérance zéro à l’égard des requérants qui déposent plusieurs fois une demande d’asile en Suisse», telle est la devise du nouveau directeur de l’ODM Mario Gattiker.

Aucune nouvelle procédure ne sera ouverte lorsqu’un.e candidat·e à l’asile revient en Suisse après avoir été transféré à un Etat Dublin. Et tant pis si les conditions d’accueil dans cet Etat sont inhumaines, comme en Grèce ou en Italie… L’ODM a communiqué l’entrée en vigueur de la mesure dès le 20 avril 2012. Les personnes qui reviendront ne seront donc plus accueillies, mais «priées de quitter la Suisse», sans autre forme de procédure (20 Minutes, mardi 17 avril 2012).

La circulaire invite même les cantons, lors de tout premier transfert Dublin, à prononcer une interdiction d’entrée sur le territoire (histoire de faire gonfler les statistiques de la criminalité des étrangers?). Tant pis si cela n’est pas conforme aux exigences d’un Etat de droit, qui est précisément censé offrir un minimum de garanties de procédure…

Pour l’ODM, la mesure est justifiée: les demandes multiples représentent 20% de l’ensemble des demandes d’asile Dublin et sont «souvent infondées» (lire ci-contre).

«Elles entraînent des frais et des charges administratives supplémentaires», mais surtout, elles « faussent les statistiques en matière d’asile et irritent l’opinion publique».

Quand on sait ce que l’ODM fait des statistiques, on sourit.

Mais lorsqu’on demande au porte-parole de l’ODM, Joachim Gross, si la mesure-phare de son directeur entraînera une baisse des demandes d’asile, la réponse laisse pantois: «On verra» … Ainsi, on préconise de priver des personnes de toute procédure, et donc de toute protection juridique, sans même être sûr que cela aura une quelconque efficacité pour l’objectif recherché. Cela s’appelle anticiper les désirs de la droite nationale populiste, et surtout gesticuler pour faire croire que l’on fait quelque chose …

Christophe Tafelmacher

Source: «Gesticulations pathétiques», paru dans le bulletin SOS Asile n°103