Israël et les réfugiés
Suite de la chronique sur le Sinaï (VE 140)
Données socio-démographiques
Pays: Israël
Superficie: 20’770 km2
Population: 7’590’758 habitants
Langues: hébreu (langue officielle), arabe (langue parlée par la minorité arabe), anglais (langue étrangère la plus courante)
Villes: Tel Aviv-Yafo, Haifa, Jérusalem (capitale)
Populations réfugiées en Israël: fin juin 2012, environ 57’193 demandeurs d’asile résidaient en Israël, la plupart originaires du Soudan (15’210 personnes-25,91%) et de l’Erythrée (35’895-63%).
« Si plus de 82% des Subsahariens résidant en Israël sont originaires d’Erythrée et du Soudan, le gouvernement a systématiquement refusé de conduire des procédures de demandes d’asile pour les ressortissants de ces deux pays. Placés sous une « protection collective » qui les protègent contre l’expulsion, ils ne bénéficient d’aucun droit ni service social. (…) Sans espoir d’obtenir un jour un statut officiel de réfugié, ces individus sont littéralement pris au piège dans un Etat aux frontières ultra-surveillées, les empêchant de rebrousser chemin ou de continuer leur route vers l’Europe ou un autre pays de la région.»
David Lagarde, Israël, « L’infernale terre promise« , Revue Plein droit, décembre 2012
L’asile en Israël


Notre précédente chronique portait sur l’enfer vécu par les réfugiés érythréens et soudanais dans le Sinaï (VE 140). Lorsqu’ils parviennent à échapper aux trafiquants et aux camps de torture en Egypte, ils doivent affronter un nouveau défi: déposer une demande d’asile en Israël.
Israël est un des rares pays de la région à avoir ratifié la Convention de Genève sur le statut des réfugiés. Mais il ne dispose pas de véritable législation sur l’asile. Jusqu’en 2006, quelques centaines de demandeurs d’asile entraient chaque année en Israël. Depuis, le nombre de réfugiés soudanais, érythréens et d’Afrique subsaharienne n’a cessé de croître, le pays enregistrant 17’000 entrées par la frontière égyptienne en 2011, soit quelque 60’000 personnes au total depuis 2006. La question des réfugiés devient alors une thématique dans l’actualité israélienne.
Pour endiguer les entrées illégales de migrant-e-s, le gouvernement israélien signe en 2007 un accord de réadmission et de prévention des “infiltrations” avec Hosni Moubarak (la politique égyptienne du “stop and shoot” fera une centaine de migrants morts en 5 ans) [1]. La même année, Israël transforme la prison de Ktziot en centre de rétention. Et il entame en 2010 la construction d’un mur d’acier ultra-technologique sur la frontière avec le Sinaï. Las, la révolution arabe dope le nombre de passages clandestins. Israël adopte alors en janvier 2012 une loi “anti-infiltration” selon laquelle quiconque entre illégalement en Israël est qualifié d’ »infiltré” et traité comme un traître. Il ou elle peut alors être détenu-e sans jugement et sans accès à un avocat pour une durée de trois ans, voire plus. Pour mettre en vigueur cette loi, Israël entame l’agrandissement et la construction de nouveaux centres de détention, dotés d’une capacité de 30’000 âmes. L’accès à ces lieux d’enfermement est interdit aux ONG israéliennes.
La procédure d’asile reste inexistante. Jusqu’en 2009, le bureau du HCR en Israël était en charge du traitement des demandes. Depuis, les réfugiés voient difficilement leur demande d’asile examinée par les autorités. Les ONG israéliennes militent pour un accès à une véritable procédure d’asile, et la fin de la criminalisation des réfugiés, soulignant leur besoin de protection ainsi que la nécessité de poursuivre les trafiquants d’êtres humains dont plus de la moitié d’entre-eux auraient été victimes dans le Sinaï.
Theodore Baird
[1] David Lagarde, « Israël, l’infernale terre promise« , Revue Plein droit, décembre 2012
Sources de l’article
- Physicians for Human Rights
- Rozen Sigal, « Tortured in Sinai, Jailed in Israel », Hotline for Migrant Workers & Physicians for Human Rights – Israel, 2012
- Human Rights Watch, “Israel: Amend ‘Anti-Infiltration’ Law” 10 June 2012.[/box]
Voir aussi
- « Record number of African asylum seekers left Israel in February« , publié dans Haartez, le 27 février 2014;
- « African asylum seekers protest in front of Ministry of Interiors« , publié sur Demotix, le 11 février 2014;
- « PHOTOS: African asylum seekers renew protests with sit-in« , publié dans 972 Magazine, le 5 février 2014;
- « Photo diary: Inside Israel’s ‘Holot’ detention center for asylum seekers« , publié dans 972 Magazine, le 4 février 2014;
- « Press conference: Hunger strike for freedom and human« , publié sur le site Fahamu Refugee Legal Aid Newsletter, le 2 février 2014;
- « Seekers find asylum with crammed rooms and no heat« , publié dans Haaretz, le 1er février 2014;
- « The origins and politics of Israel’s refugee debate« , publié dans 972 Magazine, le 28 janvier 2014;
- « Two Eritreans granted refugee status in rare decision« , publié dans Haartez, le 27 janvier 2014;
- « Protests in Israel staged by asylum seekers from Africa« , publié par The Guardian, le 22 janvier 2014;
- « African Asylum-Seekers Go on Strike in Israel« , publié sur le site Muftah, le 20 janvier 2014;
- « Limbo in the Levant« , un réfugiés écrit son histoire au New York Times, opinion parue le 15 janvier 2014;
- L’article « The dark side of Israel’s economy« , publié dans 972 Magazine, le 9 janvier 2014;
- « Israeli Government declares: asylum-seekers currently detained under the Anti-Infiltration Law will not be« , publié sur Fahamu Refugee Legal Aid Newsletter, le 1er décembre 2013;
- La vidéo (en anglais): « Israel’s New Racism: The Persecution of African Migrants in the Holy Land« , publié par The Nation, le 17 octobre 2013;
- « En Israël, un système de détention pour les immigrés africains illégaux« , publié dans Le Monde, le 11 décembre 2013;
- « Le nouveau racisme en Israël – La persécution des immigrés africains en terre sainte« , publié sur la Plateforme Charleroi-Palestine, le 31 octobre 2013;
- Le film documentaire « Israel: No Place to Go« , produit par Al Jazeera et publié sur son site, le 13 novembre 2012.