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Notre regard

Ecole | L’accompagnement mère-enfant, pour intégrer les familles

Dans leur parcours de vie, la migration constitue pour toutes les personnes concernées un véritable bouleversement. À leur arrivée dans notre pays, les migrants sont confrontés à de multiples changements, notamment géographiques, sociaux ainsi qu’à la perte potentielle de repères affectifs, culturels ou religieux. Beaucoup de nouveaux arrivants parviennent sans obstacle majeur à s’adapter aux codes culturels et sociaux et à saisir le fonctionnement des institutions locales. Certains d’entre eux cependant se trouvent face à une société dont ils saisissent difficilement le fonctionnement. Depuis plus de dix ans, le Valais propose aux familles migrantes avec enfants une nouvelle forme d’aide: l’accompagnement «Mère-Enfant». Davantage qu’un simple soutien scolaire, la démarche vise également à faciliter l’intégration des femmes/mères migrantes. Issue d’une collaboration entre le Centre Suisses-Immigrés et les écoles valaisannes, elle compte déjà six communes participantes.

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Illustration: Ambroise Héritier

Alors que les pères ont une ouverture sur notre société grâce à leur réseau professionnel et les enfants grâce à un réseau scolaire, les migrantes sont souvent isolées. Fréquemment confinées à la maison, leur principale activité se résume aux tâches ménagères. En lien avec cette situation, la faible maîtrise de la langue d’accueil souvent constatée les prétérite de manière importante dans leur socialisation. Or, les mères assument souvent l’essentiel des tâches éducatives. C’est pourquoi il est important qu’elles apprennent la langue du lieu, afin de pouvoir d’une part, suivre les enfants dans leurs tâches scolaires et d’autre part, parvenir à établir des contacts avec l’école, avec pour conséquence un développement des relations sociales.

L’accompagnement Mère-Enfant a donc pour but de faciliter l’intégration des familles migrantes confrontées aux exigences du système scolaire valaisan. Ce projet est proposé aux élèves migrants de l’école primaire qui se trouvent en difficultés scolaires et/ou d’intégration. Certains parents ne maîtrisent pas suffisamment le français pour accompagner leurs enfants dans leurs tâches à domicile.

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Illustration: Ambroise Héritier

Renforcer la parentalité

Dans ce contexte, ils perdent le contrôle de la situation et il y a transfert du pouvoir à l’enfant (utilisation de l’enfant comme interprète par ses parents et/ou le système éducatif).

Ce projet vise à redonner sa place au parent, en l’aidant à s’investir dans le cursus scolaire de ses enfants et par ce biais, à le responsabiliser dans cet accompagnement tout au long de leur scolarité. Le parent s’engage à participer régulièrement aux séances d’accompagnement pendant toute la durée du projet. L’accompagnateur-trice ne doit pas se substituer aux parents. Son rôle est de fournir l’outil, «le coup de pouce». En insistant sur la définition précise d’un cadre de travail et du rôle que doit jouer la maman (ou parent responsable), il est possible de lui fournir les outils organisationnels suffisants pour lui permettre de s’imposer dans ses interventions, sans forcément comprendre le contenu des tâches que l’enfant doit réaliser.

Les séances d’AME ont lieu en dehors du domicile de l’enfant. Elles se déroulent dans l’établissement où l’enfant est scolarisé ou dans d’autres lieux susceptibles de les recevoir (foyers, bibliothèques, Centre Suisses-Immigrés,…). Elles mettent en présence l’enfant et sa mère d’une part, et l’accompagnateur-trice d’autre part.

Lors de ces rencontres, trois objectifs sont visés:

  • la réalisation d’une partie des tâches à domicile;
  • l’implication de la maman dans la scolarité de son enfant et par là-même le fait de réintégrer une fonction parentale et éducative forte;
  • l’incitation pour la maman à prendre part à des activités ou des offres de formation favorisant son intégration sociale.

Il s’agit aussi d’offrir un espace de dialogue, de conseil et d’ouverture entre la maman et l’accompagnateur-trice.

L’AME se déroule au rythme d’une rencontre de 45 à 60 minutes par semaine sur la durée d’une année scolaire. C’est l’accompagnateur-trice qui, selon les besoins des familles, gère la durée de l’accompagnement. Le but est bien d’accompagner et non d’assister les familles. Au moment où l’accompagnateur-trice voit que la mère et l’enfant sont autonomes, il/elle se retire. Rappelons que la prise en charge de l’enfant est surtout un prétexte pour mener une action plus ambitieuse auprès des femmes migrantes.

Le projet est piloté par deux responsables: Olivier Delévaux, enseignant et collaborateur scientifique à la Haute école pédagogique du canton de Vaud et Stéphane Germanier, enseignant et médiateur scolaire à Sion. La coordination et la centralisation sont assumées par le Centre Suisses-Immigrés, Valais.

À noter encore que sans l’aide et l’apport important des bénévoles, ainsi que l’engagement des enseignants « responsables régionaux », la collaboration avec les titulaires et les Directions des écoles, ce projet n’aurait pu se concrétiser et perdurer.

Fatxiya Ali Aden
coordinatrice du projet

Illustration: Ambroise Héritier
Illustration: Ambroise Héritier

Pour mieux faire connaître le projet auprès des acteurs et actrices concernés par le projet Accompagnement Mère-Enfant, le Centre Suisses Immigrés a publié une nouvelle brochure d’information, dont sont extraites les illustrations de cet article. La brochure a été réalisée par une jeune graphiste, Nazmije Ahmedi, rencontrée dans le cadre des cours de français du CSI et illustrée par un artiste au talent déjà connu des lectrices et lecteurs de Vivre Ensemble : Ambroise Héritier.

Renseignements et Contacts:
Centre Suisses-Immigrés 027 323 12 12, csivs.ame@gmail.com