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Documentation

Coalition Article 12 | Échos des permanences citoyennes

Nouvelle procédure « testée » sur les personnes soumises à l’aide d’urgence. Témoignages des permanences citoyennes au SARA

Depuis le 1er mars dernier à Genève, les personnes déboutée de leur demande d’asile doivent se rendre régulièrement au guichet du Service asile et rapatriement (SARA) de la police à l’aéroport pour y quérir un tampon. L’unité de police à laquelle ils se présentent est celle qui est chargée d’exécuter les renvois forcés. Cette situation engendre de fortes angoisses pour les réfugiés déboutés, qui se plient toutefois à cette procédure car ils n’ont pas le choix: ce tampon leur permet d’obtenir l’aide d’urgence, seul moyen qu’ils ont de subvenir à leurs besoins vitaux. Des permanences citoyennes ont été organisées pour les accompagner. Voici une compilation des témoignages qui nous sont revenus.

Elaboration de la carte: Aldo Brina

Plusieurs témoignages rapportent l’état de stress aigu des personnes devant s’astreindre à cette procédure. « Les gens étaient vraiment contents de ne pas allers seuls, cela les rassure » rapporte une bénévole. Un autre décrit avoir vu une dame « vraiment paniquée ». Une troisième a dû raccompagner en ville une dame qui venait de faire tamponner son document, « elle me semblait si mal au point ». Certains font état de famille venant avec leurs enfants faire ces démarches. Les bénévoles expliquent avoir parfois dû expliquer les démarches à des personnes déboussolées, en recourant au système D pour l’interprétariat.

De toute évidence, le guichet du SARA n’était pas préparé pour la mise en œuvre de cette procédure. Lors des premiers passages, « les policiers regardent un écran et apprennent les démarches à faire » témoigne une bénévole. Durant cette première phase de mise en œuvre, les comportements des policiers sont décrits comme « corrects ». Mais les cas observés sont de fait toujours ceux de personnes accompagnées. Par ailleurs l’attention politique assez grande portée à cette nouvelle pratique favorise peut-être une certaine courtoisie.  Les policiers ont pour l’instant « moins mauvaise réputation que ceux de Bandol » [ndlr : les guichetiers de l’Office cantonal de la population et des migrations, où les réfugiés déboutés doivent aller chercher un deuxième tampon].

L’ouverture du bureau n’est pas permanente, une bénévole rapporte que « le SARA a fermé directement après son ouverture […] et n’a réouvert qu’à 10h », un autre qu’« une personne a attendu 10 minutes devant le poste en attendant que le policier de garde revienne de je ne sais où ».

Aucune arrestation de personne venue tamponner n’a été signalée. Encore une fois, il s’agit d’une « période test » et l’autorité n’a pas intérêt à donner ce genre de spectacle. Néanmoins, le bureau du SARA est aussi un point de passage pour les personnes renvoyées de force. À quatre reprises, des fourgons véhiculant des personnes menottées nous ont été signalés.

« Une fourgonnette blanche de convoyage de détenus a déposé deux personnes, l’une était pour sûr menottée aux mains, l’autre avait des linges couvrant ses mains ». « Un fourgon bleu de SECURITAS a amené une personne à 9h environ, menottée aux mains et aux pieds. Elle n’est plus ressortie du bureau évidemment. »

On imagine l’impact psychologique de telles visions sur les réfugiés déboutés venus chercher l’aide d’urgence !

Une fois, un vol spécial semblait se préparer, une personne portait un dossard « human rights observer », et de nombreux policiers triaient des dossiers sur le comptoir où sont tamponnés les documents d’aide d’urgence, affichant les noms des personnes renvoyées à la vue de tous. « Le type que j’accompagnais est reparti en courant….. » témoigne la bénévole qui assurait ce jour-là la permanence.

Coalition Article 12

Lettre collective que 47 organisations ont envoyée au Conseil d’Etat le 15 mars dernier. Pour la page avec le dossier de presse, cliquer ici.