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OCDE | COVID: mise en péril des migrations et des progrès en matière d’intégration

Les Perspectives des migrations internationales 2020 publiées par l’OCDE indiquent que la crise liée au COVID-19 a eu des conséquences sans précédent sur les flux migratoires. Dans un rapport complémentaire, l’OCDE montre à quel point les facteurs de risques liés au virus COVID-19 sont plus élevés pour les populations migrantes que pour les personnes nées sur place. Cette conclusion est corrélée avec la précarité des conditions de vie d’une majorité d’entre elles. Vu les secteurs concernés par les fermetures, les personnes migrantes ont été plus sujettes à la perte d’emplois. En terme d’apprentissage, la fermeture des écoles de langues a porté préjudice à leur intégration et leurs enfants ont davantage soufferts de la fermeture des écoles. L’OCDE demande donc aux États de garantir la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses dans les activités essentielles, et de maintenir les dépenses relatives à l’intégration afin d’aider les personnes migrantes à continuer à contribuer à la société et à l’économie.

Nous publions ci-dessous le communiqué de l’Organisation de coopération et de développement économiques du 19 octobre 2020. L’Organisation a également publié le 19 octobre 2020 un rapport complémentaire  « What is the impact of the COVID-19 pandemic on immigrants and their children? » également disponible sur le site de l’Organisation.

OCDE – 19/10/2020

La crise du COVID-19 met en péril les migrations et les progrès accomplis en matière d’intégration

Les flux migratoires se sont accrus au cours de la dernière décennie et des progrès ont été accomplis en matière d’intégration des immigrés dans les pays d’accueil. Toutefois, la pandémie de COVID-19 et ses retombées économiques risquent de réduire à néant certains de ces progrès. Les États doivent garantir la santé et la sécurité de tous les travailleurs dans les activités essentielles, et ils doivent maintenir les dépenses relatives à l’intégration afin d’aider les migrants à continuer à contribuer à la société et à l’économie, comme le préconise un nouveau rapport de l’OCDE.

Les Perspectives des migrations internationales 2020 publiées par l’OCDE indiquent que la crise liée au COVID-19 a eu des conséquences sans précédent sur les flux migratoires. Avant la pandémie, les entrées permanentes dans les pays de l’OCDE s’établissaient à 5.3 millions de nouveaux immigrés en 2019, avec des chiffres similaires pour 2017 et 2018. Même si le nombre d’admissions de réfugiés était moindre, les migrations de travail permanentes avaient augmenté de plus de 13 % en 2019, et les migrations de travail temporaires avaient suivi une tendance analogue, avec plus de 5 millions d’entrées enregistrées dans les pays de l’OCDE.

© Perspectives des migrations internationales de l'OCDE - Graphique : Le nombre de permis de séjour a chuté - Télécharger les donnéesQuand l’épidémie de COVID-19 s’est déclarée, les pays de l’OCDE ont presque tous restreint l’entrée des personnes étrangères. En conséquence, la délivrance de nouveaux visas et permis dans ces pays a reculé de 46 % au premier semestre 2020 par rapport à la même période en 2019. C’est la plus forte baisse jamais enregistrée. Au deuxième trimestre, elle atteignait 72 %. Dans l’ensemble, le niveau des migrations internationales dans la zone OCDE devrait être historiquement bas en 2020.

Tout porte à croire que la mobilité tardera à retrouver ses niveaux antérieurs, du fait d’une demande de main d’œuvre plus faible, du maintien de restrictions de voyage sévères et du recours généralisé au télétravail pour les travailleurs très qualifiés et à l’apprentissage à distance pour les étudiants.

« Les migrations continueront de jouer un rôle important dans la croissance économique et l’innovation, ainsi que dans l’adaptation à des marchés du travail en mutation rapide », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría lors du lancement du rapport avec la Commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson. « Nous devons éviter de revenir sur les acquis en matière d’intégration et réaffirmer que les migrations font partie intégrante de nos vies. »

Les travailleurs migrants ont été en première ligne pendant la crise. Ils représentent une proportion importante du personnel de santé dans les pays de l’OCDE, soit un médecin sur quatre et un infirmier sur six. Dans nombre de pays de l’OCDE, plus d’un tiers des travailleurs dans d’autres secteurs clés comme les transports, le nettoyage, l’industrie alimentaire ou les services informatiques sont des immigrés.

Or, les immigrés rencontrent des difficultés considérables sur le marché du travail. La pandémie a réduit à néant une grande partie des progrès accomplis ces dix dernières années pour améliorer le taux d’emploi des immigrés. Dans l’ensemble des pays pour lesquels des données sont disponibles, les immigrés ont été davantage touchés par l’augmentation du chômage que les travailleurs nés dans le pays. Les augmentations les plus fortes en termes de chômage des immigrés ont été observées au Canada, en Espagne, aux États-Unis, en Norvège et en Suède. Dans ce dernier pays, l’augmentation initiale du chômage a touché à hauteur de près de 60 % les immigrés. Aux États-Unis, avant la pandémie, le chômage des immigrés était inférieur de près d’un point de pourcentage à celui des personnes nées dans le pays ; il est aujourd’hui supérieur de deux points de pourcentage.

Les migrants sont particulièrement exposés aux effets de la pandémie sur la santé, du fait de travailler en première ligne pendant la pandémie mais aussi parce qu’ils présentent des vulnérabilités liées, par exemple, aux conditions de logement ou à la pauvreté. Les études menées dans plusieurs pays de l’OCDE montrent que les immigrés sont exposés à un risque d’infection au moins deux fois plus élevé que les personnes nées dans le pays.

L’adoption de politiques appropriées en matière de migration et d’intégration sera essentielle à l’avenir si nous voulons assurer une reprise forte et réellement inclusive.

Rapport complémentaire  « What is the impact of the COVID-19 pandemic on immigrants and their children? », 19.10.20 (en anglais)