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DdR | Vaud continue les transferts Dublin des réfugié·es afghan·es

En Suisse depuis le 1er octobre 2020, Jawid a été arrêté par la police vaudoise le 4 novembre 2021 en vue de son renvoi Dublin vers la Suède, où il avait déposé sa demande d’asile. Il y avait reçu une décision négative ce qui le place dans un no man’s land juridique: bien que la Suède ait suspendu les renvois vers l’Afghanistan le 16 août dernier, il n’y a pas accès à un statut de séjour. Sa sœur, elle, a reconstruit sa vie en Suisse. Le collectif Droit de rester plaide pour l’annulation de ce transfert. Il demande aux autorités helvétiques  » de lui accorder la protection à laquelle il a droit et d’arrêter de persécuter les réfugié·es afghan·es dont le sort émeut tout le monde sans pour autant donner lieu à un accueil digne de ce nom ». Le collectif vient de remettre au Grand Conseil une pétition qui le demande, peu de temps après l’adoption d’une résolution qui demande au Conseil d’État vaudois de soutenir les réfugié·es afghan·es. Le communiqué presse de Droit de rester pour toutes et tous (DdR) a été envoyé le 4 novembre 2021

Le canton de Vaud continue de renvoyer des réfugié·es afghan·es !

Jeudi matin 4 novembre, notre ami Jawid a été arrêté par la police vaudoise. Originaire d’Afghanistan, il a fui son pays de naissance en quête de protection en Europe. Il a d’abord atterri en Suède, avant d’atteindre il y a une année la Suisse, pour y rejoindre sa soeur qui y vit. Mais voilà, qui dit Suède dit accords Dublin, et les autorités ont décidé que c’est dans ce pays qu’il doit rester, alors même que la Suède n’accorde que très difficilement l’asile aux personnes afghanes.

Nous ne savons à l’heure actuelle pas où est Jawid, s’il est déjà dans un avion pour la Suède ou encore emprisonné en Suisse.

Illustration: Photo by Julián Gentilezza on Unsplash

Ce que nous savons en revanche, c’est que les autorités vaudoises, en particulier Philippe Leuba, en charge de l’asile, ne reculent devant aucune hypocrisie dans la question des refugié·es afghan·es. Le 20 octobre 2021, Philippe Leuba se gargarisait dans la presse de son geste humanitaire en faveur de vingt cyclistes afghanes, exfiltrées et arrivées en Suisse pour obtenir l’asile. La préparation de l’arrestation de Jawid se faisait en parallèle.

Comble de l’ironie, les député·es du Grand Conseil ont voté le 12 octobre 2021 une résolution (21_RES_14) demandant au Conseil d’Etat de soutenir les personnes réfugiées afghanes. Pour notre part, mardi 2 novembre, nous avons déposé une pétition munie de 823 signatures demandant aux autorités vaudoises de tout faire pour faciliter l’accueil des réfugié·es afghan·es, y compris de suspendre tous les renvois prévus. Mais apparemment le Conseil d’Etat et l’administration vaudoise restent de marbre.

Nous sommes inquiètes pour Jawid, fragilisé par des années de procédures et de pression (comme il l’explique dans son témoignage en pièce jointe) et demandons la suspension immédiate de son renvoi, ou son retour en Suisse. Les autorités helvétiques doivent lui accorder la protection à laquelle il a droit et arrêter de persécuter les réfugié·es afghan·es dont le sort émeut tout le monde sans pour autant donner lieu à un accueil digne de ce nom.

Collectif Droit de rester, Lausanne, 4 novembre 2021

Site: http://droit-de-rester.blogspot.com/

Facebook: https://www.facebook.com/droit.de.rester/

Twitter : https://twitter.com/droitderester


Témoignage de Jawid Y.

En Suisse depuis le 1er octobre 2020, Jawid est menacé de renvoi Dublin en Suède, où il avait demandé l’asile. Depuis le 10 juin 2021, il vit à l’aide d’urgence. En Suède, il avait reçu une décision négative à sa demande d’asile ce qui le place dans un no man’s land juridique: bien que la Suède ait suspendu les renvois vers l’Afghanistan le 16 août dernier, le fait d’être débouté le prive de statut de séjour dans ce pays. Sa soeur elle a reconstruit sa vie en Suisse. Quand il a quitté l’Afghanistan mi-2015, il avait 21 ans. Aujourd’hui il a 27 ans.

 « I want to be free ! »

I want to live like a normal person, I want to have the same rights, I want to study, I want to work.

I want to speak to my family (in Tadjikistan now) and not lie to them.

Since 6 years I’m lying to them because I don’t want to tell them what I’m going through.

It would destroy them. My mom would be destroyed if she knew what I’m going through.

I say that I’m fine, that I’m waiting for my asylum answer, that I’m ok, that I have French courses…

My dream is to have a normal life. I don’t demand anything else, just to have a normal life. I don’t want to live in a refugee camp anymore.

I just want to do things that I want.

I don’t want every night security guards knock on my door and check if I’m here.

I don’t want to be forced to go to SPOP and EVAM offices every day, or every two days…and to wait there for the white paper and to get 9.- CHF per day to survive here.

My dream in Afghanistan was to get a diploma in IT ingeniring. I was studying IT in Kaboul Technic University and I liked it. I studied 2 and ½ years at this University.

But I was forced to live my country very quickly.

I even could not say good-bye to my family before leaving Kaboul because they live in the countryside.

During all this years in Sweden, I was studying.

I studied hard Swedish language. I passed the Swedish test in 1 and 1/2 year. Usually people need 4 to 5 years to succeed with this Swedish test.
I went to school in Sweden.

I was just ready to start University there.

I had every possibility to enter to University…expect the permit.

Now I don’t have the energy anymore to study.

I want to stop.

I question myself. Is this life really fair to stress myself…and to try to survive here…

I don’t have hope anymore.

I even committed suicide while in Bex.

I see the doctor once a week and I see the psychologist from the hospital every day in Bex. It’s boring to see them, to talk to them, knowing that nothing will change.

And the doctor, what they can do? When they ask me how I am feeling, I answer: « Well, I’m pissed of like all the other days ».

I asked them not to come on Friday. But they say “No”, because their boss took the decision that the doctor have to see me every day.

I don’t see any light.  For me, my life is like walking in a dark room and I don’t know when I’ll crash the wall.                                       

(AF, récit récolté le 4.10.21, Lausanne, pour DDR)