3+4 de Briançon | Victoire de la solidarité!
Pour avoir participé à une marche solidaire le 22 avril 2018, Eleonora, Théo et Bastien étaient poursuivis pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire français » (art. L622-1 du CESEDA), avec la circonstance aggravante de « en bande organisée » (art. 132-71 du Code Pénal). C’est le procès des «3+4 de Briançon», symbole d’une répression systématique que l’État français veut imposer aux personnes solidaires. « Au bout de 3 ans et demi de procédures juridiques, le 27 mai 2021, la relaxe des 7 personnes accusées d’aide à l’entrée sur le territoire en bande organisée est annoncée. Le 22 novembre 2022, le tribunal de Grenoble a accepté de verser une indemnité financière d’un total de 4000 euros à chacune de ces 3 personnes. Ce dénouement est le fruit d’un long combat et de forts soutiens. »
« Suite à notre incarcération et aux 3 ans et demi de procédures à notre encontre qui ont suivi, nous avons le plaisir de vous partager enfin une nouvelle réjouissante ; non seulement nous avons obtenu la relaxe auprès de la justice française mais celle-ci a également reconnu qu’il était nécessaire de condamner l’état français à nous verser une indemnités pour notre séjour en prison. »
3+4 de Briançon, 14 décembre 2022
Nous publions ci-dessous le communiqué de presse de Bastien Stauffer, Theo Buckmaster Vincent Brengarth
La justice condamne l’Etat à indemniser 3 des « 7 de Briançon » pour détention provisoire injustifiée
Depuis 6 ans, des milliers de solidaires, des dizaines de soignant.e.s se relayent pour porter assistance aux personnes se risquant à passer la frontière, faute d’avoir les «bons papiers», dans les montagnes enneigées situées à la frontière franco-italienne. Mais leurs pratiques pleines d’humanité, considérées comme criminelles, sont injustement menacées par la répression et de lourdes condamnations juridiques.
Le 21 avril 2018, un groupe de militant d’extrème droite s’empare du col de l’échelle tentant, par leur action, d’empêcher les personnes réfugiées en Italie de passer la frontière. Le lendemain, une marche de protestation contre cette action identitiaire s’initie au col de Montgenèvre. Plus de 200 personnes participent à cette marche. Celle-ci randonne pendant plusieurs heures pour finir à Briançon. Arrivé sur place, les forces de l’ordre interviennent et placent en garde à vue 3 personnes qui seront ensuite placées en détention provisoire accusés « d’aide à l’entrée de personne en situation irrégulière en bande organisée ». C’est la première fois que des personnes venant en aide aux exilé.e.s sont incarcérées. D’abord à la maison d’arret de Gap, puis à la prison des Baummettes à Marseille. Ces 3 personnes sont libérées le 3 mai 2018 et placées sous contrôle judiciaire. Suite à cela, une très longue procédure juridique commence. 4 autres personnes, vivant elles dans le briançonnais et vraisemblablement ciblées pour leurs actions militantes, sont ajoutées à la procédure.
C’est le procès des «3+4 de Briançon», symbole d’une répression systématique que l’Etat français veut imposer aux personnes solidaires. Au bout de 3 ans et demi de procédures juridiques, le 27 mai 2021, la relaxe des 7 personnes accusées d’aide à l’entrée sur le territoire en bande organisée est annoncée.
Suite à cela, trois inculpés parmis les 7 ont lancé une procédure afin de demander une réparation pécuniaire pour la détention injustifiée qui a suivi la marche solidaire du 22 avril 2018. Le 22 novembre 2022, le tribunal de Grenoble a accepté de verser une indemnité financière d’un total de 4000 euros à chacune de ces 3 personnes. Ce dénouement est le fruit d’un long combat et de forts soutiens. Il parait dès lors logique de reverser ces fonds aux organismes luttant dans la vallée du briançonnais qui soutiennent les personnes ayant le malheur de devoir s’exiler et trouver refuge ailleurs.
Toute cette affaire n’aura été, en fin de compte, qu’une tentative vaine de la part de l’Etat français de décourager les personnes solidaires. La solidarité l’a finalement emportée sur la répression! Grâce à ces procès, un peu de lumière a été faite vis-à-vis de la situation et des incidents (plusieurs morts!) arrivant le long de la frontière franco-italienne. De nombreuses personnes y sont venues apporter du renfort. Malgré cela, chaque hiver, l’histoire continue – de nombreuses personnes sous-équipées risquent leur vie en défiant la neige et le gel dans une montagne inconnue – toujours poursuivies par la police aux frontières.
A cause du dérèglement climatique, de la continuelle augmentation des inégalités, aux troubles et guerres y étant liées, les flux migratoires ne vont inexorablement que s’amplifier. Pour lutter au sein de ce système destructeur, comme pour essayer de s’en extraire et de proposer un monde alternatif, nous choisissons la résistance, l’entraide et la vie!
Que vive la solidarité entre les humains!
Bastien Stauffer, Theo Buckmaster Vincent Brengarth, avocat