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La Cité | Enfants migrants disparus: la vérité sur un scandale humanitaire

Selon Europol, ils seraient au moins 10’000 en Europe. Isolés, plusieurs d’entre eux seraient tombés dans les filets des réseaux criminels et des trafiquants en tous genres. Des chiffres et des faits alarmants, qui restent pourtant largement imprécis. Et occultent la véritable cause des «disparitions»: la faillite de l’Union européenne dans la gestion des mineurs non accompagnés.

Article de Mathieu Martiniere (en collaboration avec Cristina Del Biaggio), publié dans La Cité, avril 2016. Cliquez ici pour lire l’article complet sur le site de La Cité.

«Une infrastructure criminelle entière s’est développée dans les dix-huit derniers mois, exploitant le flux des migrants.» Le 30 janvier dernier, dans une tonitruante interview à The Observer, version dominicale du quotidien anglais The Guardian, Brian Donald, un responsable d’Europol, «révèle» qu’au moins 10’000 mineurs migrants non accompagnés (MNA) auraient disparu en Europe pendant les deux dernières années, dont la moitié en Italie et environ mille en Suède. Fait alarmant, selon l’agence européenne de police, nombre d’entre eux auraient été happés par des réseaux criminels et des trafiquants. Ils seraient victimes d’exploitation sexuelle et d’esclavage. «Les criminels actifs dans le trafic d’êtres humains apparaissent maintenant dans nos fichiers du trafic de migrants», alerte Brian Donald dans le dominical britannique.

Ces déclarations, relayées par la majorité des grands médias européens, ont effrayé et choqué. Mais si la menace des réseaux criminels est réelle, le chiffre d’Europol de 10’000 enfants disparus demeure largement imprécis, pour ne pas dire erroné, selon l’Unicef. «Nous n’avons pas de preuves. Nous ne savons rien sur les chiffres. Europol parle d’enfants disparus: cela ne veut pas dire qu’ils sont perdus, ce sont des enfants qui ne sont pas enregistrés dans un système de données», nous explique Sarah Crowe, porte-parole de l’organisation. «Le chiffre d’Europol provient des signalements à la police. C’est une info brute qui ne prend pas en compte les jeunes non identifiés. Et il n’y a pas d’investigation pour connaître les causes car il n’y a personne pour réclamer une enquête, contrairement aux enfants disparus de parents français», ajoute Laurent
Delbos, responsable du plaidoyer à l’association française Forum réfugiés-Cosi, et coordinateur d’un rapport européen sur «Le droit d’asile des mineurs isolés étrangers dans l’Union européenne» (2012).

Photo: Alberto Campi, Bulgarie, 2014
Photo: Alberto Campi, Bulgarie, 2014

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