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Documentation

Collectif R | Parrainages de personnes menacées de renvoi Dublin

Le Collectif R, par le biais de deux communiqués de presse en date des 26 avril et 3 mai 2016,  fait état de sept nouveaux parrainages de personnes menacées de renvoi Dublin. Ces parrainages de soutien de personnalités suisses protégeant des migrant.e.s menacé.e.s de renvoi mettent en lumière les politiques migratoires suisses et le recours fréquent aux expulsions Dublin. Les parrains/marraines et le collectif entendent ainsi « montrer leur désaccord face à cette politique de l’autruche et à ces traitements inhumains ».

Blaise Hofmann, écrivain romand, protège Madame M., une jeune fille éthiopienne de 21 ans. Elle a rejoint la Suisse pour retrouver son père qui réside à Lausanne depuis 20 ans. Au bénéfice d’un permis de séjour, celui-ci travaille en tant qu’employé d’une institution cantonale. Parfaitement intégré, il a tout essayé pour faire venir sa fille en Suisse légalement. Malgré ses efforts, les démarches entreprises en vue d’un regroupement familial n’ont jamais abouti. Peu après l’exile de son père, contraint de fuir pour des raisons politiques, Madame M. a été abandonnée par sa mère.  Madame M. a grandi avec l’aide des amis de son père, mais sans jamais pouvoir le rejoindre légalement, malgré les difficultés extrêmes auxquelles elle a fait  face. En Éthiopie, elle a vécu  dans un climat de peur et d’isolement: elle a subi des violences sexuelles et physiques de la part d’un policier l’obligeant à vivre auprès de lui alors que Madame M. s’y refusait. Avec l’aide de son père elle a finalement réussi à obtenir un (faux) visa pour la France pour prendre la fuite: la Suisse prononce un renvoi pour la France! Après vingt ans de séparation, les accords de Dublin dénient à cette famille le droit de vivre enfin ensemble! L’absurdité n’a pas de limite!

Jean-Bernard Thuler, conseiller communal de la Ville de Morges, protège A., un afghan menacé de renvoi vers l’Allemagne qui avait enfin rejoint sa famille en Suisse. Il y a deux ans, A. a quitté Vardak en Afghanistan, fuyant les talibans venus s’établir dans sa province. Gérant d’un restaurant accueillant aussi bien des hommes que des femmes dans un esprit progressiste, A. a fait l’objet de menace, et ce d’autant plus qu’il n’était pas de confession musulmane. Pour avoir travaillé avec les américains et l’armée à Dazni, son lieu d’origine, il ne pouvait y retourner car il aurait également été menacé de mort. A. a donc pris la route pour la Russie pour ensuite rejoindre l’Europe puis la Suisse où réside sa famille. Peu après le dépôt de sa demande d’asile, la mécanique Dublin s’est mise en marche pour le forcer à se rendre en Allemagne, refusant de prendre en compte ses motifs d’asile, sa situation personnelle et familiale.

Hadrien Buclin, conseiller communal de la ville de Lausanne, défend Nadarasa, un jeune sri-lankais menacé de renvoi vers l’Autriche. Nadarasa à fuit le Sri-Lanka pour des raisons politiques. Suspecté par le gouvernement de soutenir les rebelles tamouls, sa famille était soumise depuis longtemps à des pressions du parti au pouvoir. Il y a une année environ Nadarasa et son père ont subi des violences physiques et ils ont été torturés par la police d’Etat. Après un long voyage traumatisant, passant par l’Iran, la Turquie, la Grèce, la Macedoine, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche, il a enfin rejoint la Suisse où réside depuis longtemps un partie de sa famille. Nadarasa n’a transité que quelques jours par l’Autriche. Il s’est vu contraint de donner ses empreintes digitales sans avoir reçu des explications sur les conséquences qu’un tel acte impliquait. La Suisse est la destination du voyage de ce jeune homme qui estime que ce pays peut lui offrir la protection politique dont il a besoin.

Michel Bülher, chanteur-compositeur, écrivain et acteur protège I., un jeune syrien qui a fui la guerre qui déchire son pays depuis 5 ans. Après un long voyage par la Turquie, la Grèce, la Bulgarie, l’Autriche et l’Allemagne, il a rejoint la Suisse où réside l’essentiel de sa famille.  Il est menacé de renvoi  vers la Bulgarie, pays de transit qui ne garantit pas un accueil digne et humain des requérants d’asile et qui, selon divers rapports d’organisation, violent systématiquement les droits fondamentaux des personnes. Après avoir fui la guerre et fait un voyage traumatisant, I. devrait quitter sa famille pour avoir donné ses empreintes digitales en Bulgarie sous la contrainte. Ce nouvel exile le plongerait dans l’errance et le dénuement le plus total.

David Payot, futur municipal de la Ville de Lausanne,  protège la famille N., une famille iranienne avec 3 enfants, un garçon de 7 ans, scolarisé et deux filles jumelles de 3 ans. La famille a dû fuir des persécutions liées aux activités politiques et religieuses de Monsieur, qui mettaient leur vie en péril. Après un long périple, ils ont rejoint la Suisse,  destination de leur voyage. Trois mois après leur arrivée dans le canton de Vaud, la mécanique Dublin se met en marche pour les forcer à quitter la Suisse qui refuse alors de les entendre sur leurs motifs d’asile, uniquement parce que ils ont transité en Allemagne durant deux jours.

Raphaël Mahaim, avocat et député Vert au grand conseil vaudois défend, M. S., un homme originaire de Guinée-Bissau, ayant reçu des menaces de mort et ayant fait l’objet de tentatives d’enlèvement dans son pays où il avait, jusqu’à sa fuite, un poste à responsabilité dans l’administration. Ayant quitté le pays avec un visa pour le Portugal, il a été taxé de « cas Dublin », alors même qu’il n’a jamais foulé le sol portugais! Encore une personne en quête de sécurité que la Suisse balaie d’un revers de la main, comme s’il s’agissait d’un colis sans âme.

François Debluë, écrivain, protège la famille T., une famille kurde d’Irak avec 5 enfants scolarisés de 4, 7, 8, 10, 12 et 15 ans. La famille a fui le Kurdistan irakien,  région secouée par une grave crise politique, sociale et économique (voir conflit avec Daesh). Après un périple extrêmement risqué, la famille a rejoint la Suisse. La tante des 5 enfants vit à Zurich depuis longtemps, raison pour laquelle la famille souhaite demeurer dans ce pays. Ils sont aujourd’hui menacés de renvoi vers l’Allemagne pour avoir brièvement transité par ce pays et s’être vus contraints de s’y enregistrer avec leurs empreintes digitales. Madame T. souffre d’un grave stress post-traumatique. Un renvoi aura incontestablement des répercussions dramatiques sur son état de santé et des séquelles traumatisantes sur ses cinq enfants. Or, les autorités fédérales et cantonales refusent de tenir compte de son état de santé: l’absurdité n’a pas de limite!

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CollectifR

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Face à la détresse des personnes placées dans la mécanique ininterrompue et absurde des renvois Dublin, l’action du Collectif R continue de s’étendre et de rallier des soutiens dans la société civile et auprès des sphères politiques, artistiques et culturelles.

Après notamment Luc Recordon, Claude Calame, Manuel Donzé, Céline Erwhein, Claude Calame et Jérôme Meizoz, François Debluë, Raphaël Mahaim, Michel Bühler et David Payot décident de parrainer des personnes à qui la Suisse dénie le droit d’asile et qui sont menacées par des renvois dits « Dublin ».

Ces situations (décrites par parrainage dans l’annexe ci-dessous) illustrent le règne de l’arbitraire et l’aveuglement avec lequel sont appliqués les accords Dublin : les autorités sont sourdes à leur situation personnelle et à leur détresse, aveugles aux conditions qui règnent dans des pays comme l’Italie ou la Bulgarie et appliquent d’une main de fer les accords si arrangeants de « Dublin ».

L’action des autorités suisses et du canton de Vaud qui organise les renvois pour ces femmes et ces familles est absolument cynique, indigne et inacceptable. Le Conseil d’Etat fait totalement fi de la résolution votée par le Grand conseil vaudois, le 12 mai passé, demandant l’arrêt des renvois en Italie et la prise en compte des situations individuelles dans l’application des décisions Dublin. Pire, il cautionne l’utilisation croissante des mesures de contrainte que ce soit à destination de l’Italie, de la Bulgarie ou d’autres pays de transit et ferme les yeux sur des situations intolérables sur le plan humain.

C’est pour montrer leur désaccord face à cette politique de l’autruche et à ces traitements inhumains que Michel Bühler, David Payot, Raphaël Mahaim et François Debluë ont décidé de parrainer Monsieur S., la famille T., la famille N. et Monsieur I.

Le Collectif R continuera de s’opposer avec force à ces renvois et aux mesures perverses qui y sont liées (voir communiqué du 22 février 2016 sur l’assignation à résidence d’un jeune érythréen). Il peut compter pour cela sur le soutien de nombreuses personnes solidaires prêtes à s’engager comme marraines et parrains de réfugié.e.s. Dans le cas où les autorités vaudoises iraient jusqu’à employer la force à l’encontre de ces personnes, ces derniers montreront toute leur détermination pour empêcher les renvois.

Site du Collectif R