« La Suisse nous ignore! »
« Bientôt deux ans que nous sommes en Suisse. Nous attendons toujours la réponse de Berne. Notre situation est très précaire. Mon mari est aveugle, il ne peut se déplacer. Un de nos trois enfants est également malvoyant. J’assume, seule, tous les rendez-vous et les démarches administratives car nous n’avons pas de parents sur qui compter.
Six personnes de notre famille sont décédées quand le village a été bombardé. Ma belle-mère s’est réfugiée en Jordanie et ma mère au Liban. L’an passé, un frère de mon mari a voulu nous rejoindre. Il a été renvoyé en Italie, premier pays qu’il a traversé.
Seul mon jeune frère habite en Suisse. Il était militaire. Il a déserté l’armée car il ne voulait pas tirer sur des compatriotes.
A son arrivée, nous avons demandé qu’il puisse vivre avec nous. Nous aurions pu nous soutenir mutuellement. Cela a été refusé. Il vit dans un autre canton.
Mon mari est musicien. Il reçoit des offres pour des concerts. Mais les trajets coûtent chers. Il doit refuser. Si nous avions un permis, notre vie serait plus facile.
A la télévision le monde entier reconnaît les problèmes des Syriens, mais la Suisse nous ignore.Nous n’en pouvons plus d’attendre la réponse de Berne. Parfois je voudrais le crier dans la rue. Pourquoi personne ne nous voit? Pourquoi personne ne nous entend? »
Témoignage reccueilli par Nicole Andreetta