Aller au contenu
Documentation

Le Courrier | Expo: l’asile sous le crayon des caricaturistes

A travers les contributions de quarante dessinateurs, la Maison du dessin de presse à Morges retrace l’histoire récente des étrangers en Suisse. L’exposition d’été nommée «La Suisse, terre d’accueil: eldorado ou paradis perdu?» interroge la relation des Suisses avec l’altérité. «La question se veut ouverte, elle s’adresse aussi bien aux Suisses qu’aux étrangers», rapporte Maria Da Silva, conservatrice de l’exposition, qui a puisé certaines œuvres dans les fonds d’archives romands.

morges

Article de Sophie Dupont paru dans Le Courrier, le 13 juillet 2013. Cliquez ici pour lire l’article dans le site du Courrier.

«A la base, je pensais trouver davantage de matière sur la thématique de la terre d’accueil, note la conservatrice. Mais le dessin de presse, par nature critique, va plutôt mettre en scène les durcissements des politiques d’asile.» Le rapport ambigu de la Suisse à l’hospitalité, entre tradition humanitaire et mouvements xénophobes, est illustré par des portes entrouvertes, une représentation récurrente dans les croquis qui datent de la fin des années 1970 à nos jours.
Il y a plus de vingt ans, Pierre Reymond représentait le droit d’asile sous la forme d’un Titanic qui fait naufrage. En 1985, André-Paul Perret dessinait Elizabeth Kopp cuisinant des marrons sous forme de têtes noires, lorsque l’ancienne Conseillère fédérale expulsait cinquante-neuf réfugiés zaïrois. Dans les années 1990, avec pour toile de fond les guerres d’ex-Yougoslavie, nombre de dessinateurs ont présenté une administration sans scrupule face à des étrangers suppliants à qui il manque un bras ou une jambe. En 2013, la Suisse est symbolisée par un îlot (Tschopp) ou une oasis (Sven) au milieu d’une Europe en crise.

«La liberté de ton était plus grande dans les années 1970 et 1980», estime Maria Da Silva. En crayonnant barbelés, camps et wagons dans les années 1980, Pierre Reymond et Elzingre multipliaient les références à la Seconde Guerre mondiale. «Aujourd’hui, le ton s’est adouci et les codes ont changé», ajoute la conservatrice. A la fin des années 2000, la mode était plutôt au détournement de l’affiche des moutons noirs de l’UDC.