Belgique | Mort d’un Afghan renvoyé
Chacun des 100 réfugiés qui font la grève de la faim a une histoire à raconter, en voici une d’entre elles…
Billet publié sur le blog 100grevedelafaim.blogspot.be.
Aref est né en 1989 – il ne connait pas la date exacte de sa naissance – dans le centre nord d’Afghanistan a Gozar, près des frontières avec le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Il est d’ethnie tadjike et parle le Dari. Issu d’une famille d’agriculteurs, il est allé à l’école durant environ 6 ans entre 7 et 13 ans.
Vers la fin des années 2000, les talibans sont venus demander que son père leur livre son fils aîné, Aref, pour devenir un martyr (terroriste). Il a refusé et Aref a été kidnappé par un groupe d’environ 10 soldats talibans et emmené dans une maison abandonnée. Face a l’ultimatum de devenir un martyr ou d’être torturé, Aref refuse de les joindre. Après avoir reçu plusieurs coups à la tête il a eu une fracture crânienne – à ce jour, il a une cicatrice considérable au sommet de sont front – De plus, les soldats talibans ont coupé son gros orteil gauche en guise de punition.
Lorsque les talibans ont quitté le village, un groupe de villageois l’a trouvé et emmené à l’hôpital. Il a passé 10 jours à recevoir des soins médicaux. Pendant son séjour à l’hôpital, il est devenu amis avec un homme qui s’appelle Omar qui, qui avait comme lui été victime des Talibans. Il a offert à Aref une aide financière pour le faire sortir du pays et lui permettre de venir en l’Europe pour demander l’asile. Après un long voyage, il a fini en Belgique où il a été rapidement intercepté par la police.
Après 6 mois dans le centre fermé de Vottem près de la ville belge de Liège (qu’il décrit comme «une prison», où ils n’étaient autorisés à sortir dans la cour que pendant 3 heures par jour), lui a demandé l’asile et a expliqué son histoire. Malheureusement, sa demande d’asile a été rejetée. Mais ou aller? Le gouvernement belge ne peut humainement renvoyer Aref vers l’Afghanistan vu la situation sur place.
Lorsqu’il a quitté le centre fermé de Vottem, la dernière chose qu’on lui a dit c’est « bonne chance » et qu’il devrait « quitter le pays ». Il a essayé de refaire une demande pour d’asile mais sans succès. Littéralement laissé sans le sou il n’avait pas d’autre choix que de dormir dans la rue durant une année.
V. aussi l’article « Mort d’un Afghan: ‘La politique de retour volontaire de Maggie De Block a tué un homme’« , publié dans la Libre belgique, le 14 octobre 2013:
L’information concernant les circonstances de sa mort n’a pas été confirmée par Ivo Flachet, du Collectif Progress Lawyers.
« J’ai appris son décès par son ami Ajmal Arabzadah », a précisé l’avocat, qui n’a rien pu dire lundi concernant les circonstances dans lesquelles Aref a été tué. « Nous étudions le dossier. Aref était le client d’un de mes confrères qui a depuis quitté notre bureau et travaille à l’étranger ». Aref, 20 ans, était un réfugié afghan originaire de la province de Nangarhar, qui avait introduit une demande d’asile en Belgique en mars 2009. Cette demande et les suivantes, dont la dernière date de l’été 2012, avaient été refusées et Aref avait été renvoyé en Afghanistan. »Voilà pourquoi nous demandons un moratoire sur le renvoi de demandeurs d’asile vers des pays en guerre », a-t-il déclaré.