RTS | Infractions et requérants « récalcitrants », attention à l’amalgame
Le 23 février 2014, la Radio Télévision Suisse publiait sur son site un article intitulé « Plus de 6000 infractions de requérants en un an, souvent mineures ». Suite à l’intervention du Comptoir des médias, la RTS a corrigé le titre de l’article, qui désormais s’intitule « L’ODM recense les entorses au règlement des centres commises par les requérants », et a apporté des précisions concernant les requérants dits « récalcitrant ».
Voici les échanges entre Vivre Ensemble et la RTS
En tant que service d’information actif dans la défense du droit d’asile en Suisse et dans le cadre de notre projet Le Comptoir des médias, nous nous permettons de vous contacter à propos de la reprise de la dépêche de l’ATS : « Plus de 6000 infractions des requérants en un an, souvent mineures » parue sur le site Internet de RTS Info, le 23.02.2014.
Le titre de cette dépêche, où prédomine les termes « 6000 infractions », renforce les stéréotypes négatifs et la criminalisation des demandeurs d’asile en Suisse. Bien qu’il soit mentionné par la suite qu’il s’agit en grande majorité d’entorses mineures au règlement des centres pour demandeur d’asile, le ton de l’article est donné et restera imprimé dans l’esprit du public qui n’aurait pas lu l’article en détail. Il s’agit en effet de 6000 entorses au règlement des centres, ce qui est moins accrocheur, mais plus juste et moins stigmatisant.
Ensuite, lorsque vous affirmez à la fin de votre dépêche « Les requérants récalcitrants seront envoyés à l’avenir dans un centre spécialement conçu pour eux », il apparaît peu clair s’il s’agit des personnes ayant commis des entorses au règlement (arrivées tardives ou ayant fumé dans les chambres) ou de celles qui auraient commis des infractions graves. La notion de « requérant récalcitrant », qui est désormais utilisée comme catégorie courante pour décrire certains demandeurs d’asile, cristallise cette confusion entre infraction pénale et non-respect des règlements des centres. Nous souhaitons rappeler ici que cette notion demeure très floue et qu’aucun critère objectif n’est défini dans la loi afin de déterminer à quels comportements ce terme correspond[1]. C’est pourquoi il nous semble particulièrement important de rappeler ce qu’il en est lorsque l’on parle de « récalcitrant ».
Nous nous permettons d’attirer votre attention sur ces points, car n’est-il pas de la responsabilité d’un service public comme le vôtre d’éviter la stigmatisation et de transmettre des informations nuancées ? Nous sommes d’ores et déjà curieux de connaître votre position à cet égard et les mesures que vous entendez prendre pour rétablir les faits.
Nous tenons à préciser ici que notre intervention auprès de votre média, votre réponse et les mesures que vous seriez susceptibles de prendre sont susceptibles d’être publiées sur notre site Internet.
[…]
En vous remerciant par avance de vos réponses, nous vous adressons nos meilleures salutations.
[1] Vivre Ensemble, « 250 « récalcitrants » à Genève: Vraiment? », Décryptage thématique. Association suisse des Centres sociaux protestants, prise de position sur les modifications de l’ordonnance 1 sur l’asile relative à la procédure, 19 mars 2013.
Nous pouvons comprendre que le terme « infractions » puisse être mal interprété dans notre nouvelle, même si ces infractions sont qualifiées de mineures. Raison pour laquelle nous avons modifié le titre de notre news. Le terme infractions a aussi été retiré dans le corps du texte. Concernant les requérants récalcitrants, la construction de notre nouvelle montre qu’il s’agit de personnes ayant commis des actes jugés plus graves (violences, vols…). Nous avons encore précisé qu’il s’agissait seulement « d’une poignée de personnes ».
Dans tous les cas, soyez assurés de notre souci constant de couvrir les problématiques de l’asile avec rigueur et équilibre.
Nous sommes bien sûr à votre disposition pour en discuter. Recevez nos salutations les plus cordiales.