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JRS | Australie: un rapport dérangeant sur la détention des enfants

Le dernier rapport sur les enfants demandeurs d’asile en détention montre le grave échec de la politique suivie à l’égard des réfugiés par le gouvernement australien. Toutefois, cela donne l’occasion de mettre en oeuvre des changements attendus depuis longtemps, selon le Service Jésuite des Réfugiés (JRS).

Communiqué publié sur le site du Service Jésuite des Réfugiés, le 12 février 2015. Cliquez ici pour lire le communiqué sur le site du JRS et ici pour télécharger le rapport (en anglais).

ForgottenChildrenCette enquête nationale de la Commission Australienne des Droits Humains (AHRC), Rapport sur les enfants en détention de l’immigration, a été présentée au Parlement hier. D’après ce rapport, la détention prolongée des enfants a un fort effet négatif sur leur santé et leur développement: 34% des enfants détenus dans les centres australiens montrent des signes de sérieuse maladie mentale qui requièrent l’intervention d’un spécialiste en santé mentale, alors qu’ils n’affectent que 2% de la population totale du pays.

«Ces résultats sont extrêmement dérangeants et prouvent ce que les groupes de droits humains et les spécialistes en santé mentale expliquent au gouvernement depuis des années: que la détention est dangereuse et nuisible pour les enfants» dit Oliver White, le responsable des politiques et de l’advocacy du JRS Australie.

«Il est maintenant bien documenté, grâce à ce rapport de l’AHRC, que les enfants en détention sont exposés à des incidents dérangeants, comme agressions et grève de la faim; quelques-uns ont victimes d’agression sexuelle et beaucoup recourent à l’automutilation.»

Le rapport reconnaît que la santé mentale et le sentiment de bien-être de ces enfants s’améliorent souvent drastiquement dès que l’enfant est libéré, mais il démontre aussi que le mal causé à l’enfant l’affecte quelquefois encore quand il devient adulte. En détenant des enfants de cette manière, l’Australie manque à ses obligations internationales en matière de Droits humains.

En tant que pays signataire de la Convention sur les droits de l’enfant, l’Australie doit assurer que les intérêts de l’enfant soient toujours défendus en priorité. La convention déclare clairement que les enfants ne peuvent être détenus qu’en dernier ressort et pour le moins de temps possible. Ils ne peuvent pas être détenus arbitrairement, et s’ils sont privés de liberté ils doivent avoir le droit de contester leur détention devant une Cour de justice.

Si le gouvernement a fait des progrès en déménageant sur le continent australien les enfants retenus sur l’île Christmas, il y a encore 330 enfants en détention: 211 dans les structures du continent et 119 à Nauru.

«Le rapport – le premier de ce genre depuis en dix ans – offre au gouvernement l’occasion de reconnaître les défauts inhérents à sa politique concernant les réfugiés et d’utiliser des alternatives existantes qui le mettront en ligne avec d’autres pays moins punitifs. Nous sommes heureux de noter que la majorité des enfants ont été libérés de la détention, mais ceux qui y restent sont vulnérables à la situation exposée dans le rapport de l’AHRC» a ajouté M.White.

«Le gouvernement ne peut plus revendiquer son ignorance sur les dégâts psychologiques à long terme que la détention cause aux enfants, et nous nous joignons à la recommandation de l’AHRC faite au gouvernement d’en finir avec la détention obligatoire avec effet immédiat» dit M.White.

«Les résultats de ce rapport sont importants étant donné qu’ils documentent le mal que nous avons causé aux enfants qui sont venus dans ce pays pour trouver la sécurité. C’est l’occasion pour nous de faire le point, de réfléchir sur ce que nous avons fait, de changer notre manière de traiter quelques-unes des personnes les plus vulnérables du monde – et de nous engager à ne plus jamais agir de la sorte.»