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Amnesty | Ouvrir nos sociétés aux réfugiés syriens

Le nouveau rapport d’Amnesty International donne un éclairage humain à la crise des réfugiés en Syrie, à travers les témoignages de huit personnes et familles qui ont fui le conflit et luttent pour survivre au Liban, en Jordanie et en Irak.

Communiqué d’Amnesty international, publié le 4 février 2015. Cliquez ici pour lire le communiqué sur le site d’Amnesty et ici pour télécharger le rapport.

Campagne internationale

Cette campagne vise à faire pression sur les pays riches, en s’appuyant sur leurs populations, afin qu’ils accueillent un plus grand nombre de réfugiés originaires de Syrie, grâce aux programmes de réinstallation et d’admission humanitaire. Jusqu’à présent, la réponse du monde à la crise en Syrie est lamentable et certains des pays les plus riches n’ont quasiment rien fait.

«Avec près de quatre millions de réfugiés, l’ampleur de la crise est accablante. Ce rapport raconte l’histoire des visages qui se cachent derrière ces chiffres, des personnes qui témoignent avec leurs propres mots, a déclaré Sherif Elsayed Ali, responsable du programme Droits des réfugiés et des migrants d’Amnesty International.

La réinstallation: un appui indispensable

Amnesty International a réuni dans ce rapport les témoignages d’une femme de vingt-trois ans qui s’efforce de prendre soin de ses quatre enfants, seule, au Liban, d’un homosexuel en butte aux menaces en Jordanie et de la famille d’un garçon de douze ans atteint d’un cancer qui a besoin de soins médicaux, en Irak.

380’000 réfugiés vulnérables

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a identifié 380’000 réfugiés comme étant vulnérables et ayant besoin d’une réinstallation, notamment des victimes de torture et de viol, des mineurs malades ou non accompagnés, et d’autres personnes considérées comme vulnérables. Seule une infime proportion de ces réfugiés s’est vu offrir une place d’accueil à l’étranger.

«Les dirigeants mondiaux ne peuvent pas continuer de tourner le dos aux réfugiés vulnérables. Il est facile de se sentir impuissant face à une crise de cette ampleur, mais le fait d’encourager les dirigeants à proposer des places d’accueil peut réellement changer des vies», a déclaré Sherif Elsayed Ali.

Cinq pays accueillent actuellement 95% des réfugiés

Tout en permettant aux réfugiés de reconstruire leur vie dans la paix et la stabilité, en ayant accès aux soins et à l’aide dont ils ont besoin, la réinstallation permet de partager la responsabilité de cette crise historique. Actuellement, cinq pays voisins de la Syrie accueillent 95% des réfugiés ayant fui le conflit, et certains, comme le Liban, sont tout simplement incapables de faire face aux pressions générées par cet afflux.

Témoignages

Pour Yara, jeune femme de vingt-trois ans mère de quatre enfants, la réinstallation ferait une énorme différence. Son fils de deux ans, Mutanama, souffre d’une ouverture dans la colonne vertébrale qui laisse s’échapper du fluide dans le cerveau. Depuis que sa famille s’est installée au Liban, son état de santé s’est aggravé. Son mari avait été arrêté en Syrie, et elle a découvert sur une vidéo postée sur YouTube qu’il avait été tué. En tant que femme seule au Liban, elle est victime de harcèlement sexuel et n’est pas en mesure de payer les prix très élevés des loyers.

«Tout est difficile pour un réfugié»

«Tout est difficile pour un réfugié, raconte-t-elle. Beaucoup de mauvaises personnes disent des choses terribles sur moi et me harcèlent… C’est une vie très pénible, je ne sais pas comment j’arrive à tenir le coup.»

Une autre famille syrienne qui a fui vers un camp de réfugiés dans la région du Kurdistan en Irak se bat pour faire soigner leur fils de douze ans, Elias, à qui les médecins ont diagnostiqué un cancer en 2012.

«En Syrie, il n’y a que la mort»

Hamood, jeune homosexuel originaire de Deraa, dans le sud de la Syrie, vit aujourd’hui en Jordanie où il subit régulièrement les menaces et le harcèlement dans les rues. Il a raconté à Amnesty International que son frère avait tenté de l’assassiner en apprenant son homosexualité et qu’il avait été violé par six hommes. Il désire fortement rentrer dans son pays, mais affirme qu’en Syrie, «il n’y a que la mort». Il espère être réinstallé en Europe, où il pourra vivre ouvertement son homosexualité, sans craindre d’être harcelé, et réaliser ses rêves: trouver un travail et tomber amoureux. «Si je vais [en Europe], ce sera une nouvelle naissance», affirme-t-il.

Jamal et Said, homosexuels en couple, étaient des journalistes et des militants de l’opposition en Syrie. Ils ont été arrêtés et détenus en Syrie en raison de leurs activités politiques. Jamal est séropositif au VIH. Sa santé s’est gravement détériorée lors de sa détention dans les prisons syriennes, où il a été maintenu à l’isolement et privé de soins médicaux.

A la recherche désespérée de soins

Qasim, réfugié palestinien qui vivait en Syrie, a fui la Syrie après avoir été blessé lors d’un bombardement qui a détruit sa maison. Qasim et sa fille sont tous deux atteints d’éléphantiasis et ne parviennent pas à trouver des soins adaptés. Du fait de sa maladie, sa jambe est anormalement gonflée. Son souhait le plus cher est de parvenir à faire soigner sa fille: «J’attends la mort, déclare-t-il. Peu m’importe, vraiment, si je me fais soigner, mais je veux que ma fille le soit.»

Ouvrir nos cœurs et nos sociétés

Pour toutes ces personnes, la perspective d’une réinstallation offre une échappatoire cruciale aux souffrances qu’ils endurent.

«Les réfugiés sont des gens ordinaires, tout comme chacun d’entre nous, mais leurs vies sont souvent réduites à néant en raison d’un conflit et ils doivent tout recommencer à zéro, a déclaré Sherif Elsayed Ali.

«Il est temps d’ouvrir nos cœurs et nos sociétés à ceux qui fuient les atrocités commises par le gouvernement syrien, le groupe armé de l’État islamique (EI) et d’autres, et de montrer que la compassion et l’humanité peuvent l’emporter.»