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Passeurs d’hospitalité | Le mouvement des Syriens à Calais questionne la politique des frontières

«Nous arriverons de toute façon au Royaume-Uni pour y demander l’asile, alors pourquoi ne pas nous permettre de franchir légalement la frontière?»

Article publié sur le site Passeurs d’hospitalité, le 1er juillet 2015. Cliquez ici pour lire l’article sur le site Passeurs d’hospitalité.

Cette phrase est récurrente dans la bouche des Syriens à Calais, au fil des trois mouvements collectifs qu’ils ont organisés à l’automne 2013, à l’automne 2014 et en ce début d’été.

Ils pointent ainsi les contradictions du système européen d’accueil (ou de non-accueil) des demandeurs d’asile et réfugiés. Un système fondé sur le libre choix des personnes du pays où elles pensent avoir les meilleures chances d’intégration, et la facilitation de leur mobilité dans l’espace européen, leur donnerait les meilleures chances de trouver leur place en Europe. Le système actuel multiplie les obstacles à l’accès à leurs droits et les violations de ceux-ci, et condamne une partie des réfugiés potentiels à l’errance et à une existence de sans-papiers.

La situation à la frontière britannique illustre cette contradiction: des personnes qui fréquemment obtiendront le statut de réfugié au Royaume-Uni vivent pendant des mois dans des conditions indignes, prennent des risques importants et sont confrontés à un harcèlement policier quotidien.

Des discussions timides ont lieu au niveau de l’Union européenne sur une répartition entre les différents États des réfugiés entrant en Europe, pour éviter que ceux-ci ne restent bloqués dans des pays frontaliers comme la Grèce ou la Bulgarie, qui n’ont pas les moyens de les accueillir. Bien qu’il ne s’agisse pas de libre choix ou de chances d’intégration, c’en est déjà trop pour que les États européens se mettent d’accord. Le système semble bloqué et ne pouvoir conduire qu’à plus de répression.

Le passage illégal des frontières, avec la prise de risque que cela implique, gratuit en jouant souvent sur le nombre, ou en faisant appel à des passeurs, reste la seule option pour que les réfugiés de fait réussissent à accéder aux procédures leur permettant d’être reconnus comme réfugiés en droit.

Voir à ce propos ce communiqué de Human Rights Watch: « Point de vue: La répression contre les passeurs ne résoudra pas le chaos de Calais » (25.06.2015).