Comment expliquer cela?!!
La honte de l’Europe.
Il s’appelait Aylan. Son frère aussi est mort noyé.
Cette histoire tragique a inspiré Sylvain Thévoz, qui a rédigé la poésie publié sur son blog hébergé sur le site de la Tribune de Genève et que vous pouvez aussi lire en cliquant ici.
Sur la plage abandonnée…
Sur la plage abandonnée
Coquillages et crustacés
Qui l’eût cru déplorent la perte de l’été
Qui depuis s’en est allé…
C’était une autre époque: Brigitte Bardot, cheveux blonds brillants chantait les pieds dans l’eau une chanson insouciante.
Aujourd’hui, 2015, la fin de l’été se marque avec un enfant que l’on ramasse sur une plage de Turquie comme un petit paquet de linge mouillé. L’enfant, échoué sur la plage, on le nettoie, comme une méduse, un coquillage, un crustacé. Puis, on le range dans une boîte en métal après l’avoir pris en photo, de dos et de profil, comme un souvenir de vacances que l’on voudrait oublier.
Hier matin, personne n’a réveillé l’enfant d’un baiser
Personne ne lui a donné un bol de chocolat chaud
La bouche de l’enfant remplie de force de sable et d’eau salée.
Hier matin personne n’a accompagné l’enfant sur le chemin de l’école
Il n’y a plus d’école
C’est la cale du bateau ou les flammes.
Personne n’a aidé l’enfant à traverser un passage piéton
Pour seul passage : la mer
Et la nuit où nul adulte n’a pied.
Pas d’histoire de princes, pas de lectures
Le ressac les nuages et les vagues
Les cris étouffés des noyés, le silence des poissons.
Hier matin
Personne n’a caressé l’enfant, ne l’a bercé
Personne n’a calmé sa peur, ne lui a chanté de chansons
Personne n’a essuyé ses larmes
Pas de petit lit chaud, pas de doudou, de lumière dans la nuit juste le fond de la mer sans fin.
On l’a peut-être jeté par dessus bord pour lester l’embarcation
Ou coulé parce qu’un patrouille de police s’approchait
Nettoyé avec des gants de plastique
Avant que les touristes s’étirent sur la plage
S’enduisent de crème solaire et fredonnent des chansons:
Sur la plage abandonnée…
Hier.
Et demain?
Sylvain Thévoz