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Comptoir

Glissements sémantiques

Le Comptoir des médias est intervenu auprès de la RTS à propos d’un décryptage « Idées reçues vraies ou fausses: les migrants sont-ils tous des réfugiés? » que la RTS a proposé lors du journal du 1er septembre 2016.

La journaliste a conclut ainsi le sujet:

« Dans une Europe qui verrouille ses portes, un migrant albanais ou sénégalais en quête d’une vie meilleure n’est donc pas un réfugié et a peu de chances d’obtenir l’asile ou un travail par les voies légales et sera condamné à un statut de clandestin« .

Nous avons écrit aux journalistes de la rubrique « Idées reçues vraies ou fausses » le message suivant pour leur faire part de notre position:

Bravo pour votre travail et votre effort de remettre de l’ordre dans les mots et les chiffres sur l’asile, thème fortement débattu en ce moment de campagne électorale.

Nous avons trouvé votre sujet très bien, mais je voulais attirer votre attention sur deux petits glissements sémantiques, sur lesquels je pense qu’il est important de revenir, pour éviter les amalgames et confusions, justement.

La première remarque concerne la dénomination « statut de clandestin« , que vous avez utilisée à la fin de votre sujet. Celui-ci n’existe pas, il n’y a pas de statut, ni dans la LAsi ni dans la LEtr, associé à une personne qui n’a pas de papiers de séjour valables. Il n’est donc pas correct de dire « statut de clandestin ». Il s’agit plus simplement, et plus correctement, d’une personne « sans statut légal en Suisse ».

Deuxièmement, j’aimerais revenir sur les propos de votre invitée, Madame Christiane Berthiaume, qui a déclaré:

« Le réfugié c’est la personne qui a fui son pays, parce qu’il y a la guerre, un Syrien et sa famille, un autre migrant c’est quelqu’un qui a quitté son pays parce qu’il n’avait pas d’opportunité économiques ».

Sans rentrer dans le débat, qui n’a pas de place ici, sur la nécessité/opportunité de faire la distinction entre réfugié et migrant, il y a une nuance à porter à ses propos. En effet, ce n’est pas parce qu’une personne fuit son pays en guerre que cette même personne va recevoir le statut de réfugié une fois la demande déposée et ses motifs de fuite analysés par des autorités d’un pays tiers. Afin de pouvoir d’obtenir le « statut de réfugié » au sens de la Convention sur les réfugié sde 1951 et de notre Loi sur l’asile, la personne doit prouver qu’elle a été persécutée personnellement. Le fait de fuir un pays en guerre n’est pas une raison suffisante pour obtenir le statut de réfugié. En Suisse, en effet, dans nombreux cas, les Syriens reçoivent un permis F – admission provisoire, et non pas un permis B – réfugié. Une différence de taille quand on connaît l’écart en termes de droits attribués à l’un ou l’autre statut.

Ce sont de petites précisions, que je pense importantes, surtout si vous compter faire plusieurs sujets sur ces questions.

Notre intervention n’a pas reçu de réponse de la part des journalistes de la RTS interpellés.