Thierry Faux | Mineurs au pied du mur
Nous présentons ici un texte de Thierry Faux, rédigé en réaction au reportage diffusé dans le cadre de l’émission Temps Présent (RTS) et diffusé le 24 novembre 2016.
«Le mot progrès n’aura aucun sens tant qu’il y aura des enfants malheureux.»
Albert Einstein
En Helvétie, la frontière sud, objet d’une surveillance zélée,
se verrouille à double tour,
fermant vos portes à une population particulièrement vulnérable.
Vous ne respectez pas les engagements internationaux que vous avez signés
qui vous lient au devoir d’accueillir et d’écouter tout mineur non accompagné
Répugnants hors-la-loi étatiques,
vous renvoyez nombre de ces jeunes hors de votre pays
sans leur donner l’occasion de s’exprimer
vu que vous n’avez même pas de traducteurs
au sein de vos spots.
Inhumainement, vous leur suggérez qu’à la fin,
ils finiront bien par se lasser et renoncer.
Sans vergogne, d’un coup d’œil expert,
vous n’hésitez pas à leur rajouter une ou plusieurs années
pour magiquement les transformer en majeurs
dans le but ignoble de ne pas assumer l’obligation de les protéger.
L’important, pour vous, est que ces grands enfants n’encombrent point
quelques mètres carrés de votre beau pays,
qu’ils ne coûtent pas à votre fière nation,
qu’ils ne dérangent pas la frange la plus abrutie, égoïste et raciste de vos citoyens.
Leurs souffrances,
le courage qui leur a fallu
pour parcourir des kilomètres,
quelquefois sous un camion, sans boire ni manger, pendant plusieurs jours,
souvent supporter la prison au cours de leur voyage clandestin,
traverser la mer sur des coquilles de noix
au risque trop fréquent de se noyer.
Vous n’êtes pas plus humains que les passeurs
que vous montrez régulièrement du doigt,
seul votre égoïste économie de privilégiés vous importe!
Avez-vous assez de cœur et de cerveau
pour imaginer un instant
vos chers enfants suisses, dans cette situation d’exil,
bloqués à la frontière d’un pays riche?
Indigné, non,
vous me dégoûtez par votre inhumanité.
Vous provoquez ma colère par votre manque de scrupules
à abandonner ces mômes à leur sort dramatique.
Vous me révoltez par vos calculs sordides
visant à protéger le confort de vos moutons blancs.
Vous me désespérez d’une tristesse extrême
par votre insensibilité notoire et politique.
Honte à vous!