Témoignages [1/6] | « Nous demandons simplement le droit de pouvoir vivre comme des êtres humains »
Le 26 juin 2019, la coordin’action Poya Solidaire a organisé une journée d’information et de mobilisation pour exiger la fin du statut dégradant de l’aide d’urgence et la régularisation des requérant-e-s le subissant depuis une longue durée. A cette occasion, plusieurs personnes concernées ont pris la parole. Leurs mots étaient forts et importants. En juillet et août, chaque mercredi, Vivre Ensemble publie leurs témoignages, soit prononcés le jour même, soit recueillis en marge de la manifestation par des personnes solidaires.
Bonjour,
Je vis en Suisse depuis près de sept ans. Cela fait quatre ans que je vis sous le régime de l’aide d’urgence. Je n’ai aucun droit, alors que je suis prêt à travailler et à participer à la société Suisse.
Le gouvernement Suisse veut nous renvoyer en Ethiopie. Un pays où j’ai été torturé. Un pays où une tentative de coup d’Etat a eu lieu le week-end dernier: dans la région d’Amhara, le président a été tué samedi par une attaque armée. Plus tard, le chef d’état-major de l’armée éthiopienne a été tué aussi.
[caption id="attachment_54185" align="aligncenter" width="579"] Photographie: Eric Roset, 26 juin 2019, Fribourg[/caption]
En Ethiopie, les droits humains ne sont pas respectés. Le pays compte plus de deux millions de déplacé-e-s internes, en raison de conflits entre les communautés.
En Ethiopie, les conflits ethniques sont intenses. En début d’année, 145 000 personnes ont été déplacées dans les Etats de Somali et Oromia, en raison de conflits armés. En mars, 15 000 personnes ont été déplacées de la périphérie d’Addis Abeba. L’organisation internationale Human Rights Watch dénonce des signes d’affrontements violents. Le gouvernement n’arrive pas à prévenir les conflits armés, ce qui augmente le nombre de personnes déplacées.
Dans les zones de Gedeo et de Guji, les violences interethniques ont poussé plus de 900 000 personnes à se déplacer en juillet 2018. Ces personnes vivaient dans des baraques précaires, avec manqué d’accès aux soins, à l’eau, à la nourriture. Plus de 200 personnes ont été tuées.
Des représentant-e-s des communautés de Gedeo on fait appel au président de la région d’Oromia, ainsi qu’au Premier Ministre éthiopien. Mais ceux-ci n’ont pas répondu à leurs demandes. Le gouvernement a préféré nier les violations des droits de l’homme en cours.
Dans la zone de Kemashe, proche de la région d’Oromia, l’association des droits humains en Ethiopie a condamné le déplacement forcé des personnes d’origine Amhara. Plus de 530 familles y ont été forces d’abandonner leur maison. Depuis octobre 2018, des attaques armées visent les personnes d’origine Amhara. Des milliers de personnes ont fui cette zone.
Dans la zone de Gondar, les conflits entre les habitants d’ethnie Ahmara et les Kemants ont fait fuir 40 000 personnes. On a compté des dizaines de morts et de maisons brûlées. Plus de mille personnes se sont enfuies au Soudan. En février, la région vivait une crise humanitaire.
Même la frontière entre l’Ethiopie et l’Erythrée a été de nouveau fermée ce mois. Des soldats érythréens ont été déployés dans la zone.
Il est temps que le gouvernement éthiopien se transforme pour vraiment garantir le respect des droits humains.
De notre côté, nous, réfugié-e-s en Suisse, nous demandons simplement le droit de pouvoir vivre comme des êtres humains. Nous demandons notre régularisation !