Voix d’Exils | La responsabilité du journaliste et de l’écrivain en Azerbaïdjan
Continuer à écrire pour protéger le monde
Samir Murad, membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils, témoigne des risques encourus par les journalistes en Azerbaïdjan.
Témoignage de Samir Murad, publié sur le blog Voix d’Exils, le 19 novembre 2019
[caption id="attachment_56528" align="aligncenter" width="638"] Flikr.com (CC BY-NC-ND 2.0), Concours scolaires | Liberté d’expression / Dessin gagnant #3 / Collège Saint-Yves de Mordelles (35), 3ème Ouessant[/caption]
Être écrivain ou journaliste en Azerbaïdjan, ma chère patrie, est très dangereux. On peut vous emprisonner, j’en ai fait l’expérience personnellement.
En Azerbaïdjan, on peut vous tuer à cause de vos écrits, comme l’ont été le journaliste et rédacteur en chef Elmar Hüseynov tué en 2005 et l’écrivain et journaliste Rafig Tagi décédé quatre jours après une attaque à l’arme blanche dont il a été victime dans la nuit du 19 novembre 2011. L’arrestation ou l’emprisonnement devient alors une chance pour les survivants.
Mais que cela ne vous empêche pas de continuer à écrire. Parce que vous aimez votre patrie, parce que votre pays est malade et que ses douleurs sont vos douleurs. Si vous renoncez à parler et à écrire sur ces douleurs et ces problèmes, la maladie ne guérira jamais. C’est un axiome : les maladies cachées ne guérissent pas.
Dans des sociétés comme l’Azerbaïdjan, les autorités n’aiment pas la liberté de la presse, la dissidence et la vérité. C’est un deuxième axiome : tous les dictateurs, les corrompus et les fanatiques du monde sont des ennemis de la liberté d’expression, des idées différentes et de la vérité. Pour eux, l’ennemi doit être tué et anéanti.
L’écriture est un métier fait pour les gens courageux. L’écrivain ou journaliste est toujours dans l’opposition, offre des alternatives, cherche l’innovation.
Dans des pays comme l’Azerbaïdjan, les autorités n’apprécient jamais la nouveauté. Les dictateurs et les régimes autoritaires ne reconnaissent pas aux gens le droit de choisir. Pour eux, le citoyen est un esclave et un esclave n’a qu’un seul droit : celui d’obéir.
L’écriture est l’une des plus grandes découvertes de l’humanité. Croyez-moi, sans cette découverte, peut-être que la terre et l’humanité auraient été détruites. Réfléchissez : la presse, la littérature et les écrivains en général font la promotion des droits de l’homme, de la démocratie, de la liberté économique et de la paix. Ils le font dans un monde affligé par la corruption, des régimes autoritaires, des dictatures, des guerres… jusqu’à la menace d’armes nucléaires qui peuvent être mises en action à tout moment.
Les écrivains impartiaux et honnêtes s’engagent contre le mal et se placent à l’avant-garde de la lutte.
Les menaces de persécution, d’emprisonnement ou de mort sont autant de risques qu’ils acceptent consciemment. Et c’est l’une des vérités les plus indéniables du monde que l’humanité a grand besoin de tels sacrifices.
Le monde est notre maison. Il est du devoir de toute personne responsable de protéger le monde avec amour.
Samir Murad
Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils