Aller au contenu
Documentation

We collect | Un foyer pour celles et ceux ayant fui leur pays

Ceux et celles qui fuient ont besoin de protection et d’un foyer ! Dans toute une première phase de l’accueil, les personnes exilées d’Ukraine étaient autorisées à vivre dans des familles d’accueil plutôt que dans des centres d’asile après leur arrivée. Depuis, des restrictions ont été instaurées pour respecter la clé de répartitions entre les cantons, mais les relations familiales et amicales restent prises en compte lors de l’attribution. Cette logique préférentielle en faveur des liens préexistants fait partie des revendications importantes portées par les défenseurs·euses du droit d’asile depuis de nombreuses années. Une personne trouvant rapidement un accueil au sein d’un réseau de connaissances obtiendra plus aisément un soutien à son installation. Un regroupement d’associations suisses met à disposition une lettre type à envoyer à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter pour que ce modèle devienne la norme. Vous pouvez signer la lettre à Mme Karin Keller-Sutter depuis le site prévu à cet effet sur We Collect. Nous en reproduisons le contenu ci-dessous.

Bâle, le 24 mars 2022

Madame la Conseillère fédérale Karin Keller-Sutter,

Les personnes qui fuient ont besoin de protection et d’un foyer. C’est pourquoi, ces dernières semaines, plus de 28’000 familles d’accueil ont proposé d’accueillir chez elles des personnes touchées par la guerre en Ukraine. Le Conseil fédéral a également agi et, en appliquant pour la première fois le « statut de protection S », il a mis en œuvre une exigence que les personnes concernées, les organisations d’asile et les églises ont formulée depuis des années : L’hébergement privé des personnes en fuite est possible dans toute la Suisse dès leur arrivée et est même encouragé par les autorités fédérales.

Il existe également de nouvelles marges de manœuvre dans l’attribution des cantons. Comme l’a expliqué la secrétaire d’État à la migration, Christine Schraner Burgener, à la radio suisse SRF, dans le cas des réfugiés ukrainiens, la famille élargie et les relations amicales existantes sont prises en compte lorsqu’il s’agit, dans un deuxième temps, de les attribuer à des cantons.

La flexibilité du Secrétariat d’Etat aux migrations est une petite mesure qui a un grand impact sur les personnes concernées. Un réseau social ne favorise pas seulement l’intégration, il a aussi un effet positif sur le psychisme et le bien-être des personnes en fuite. C’est pourquoi il est incompréhensible que les autorités fédérales soient restées restrictives sur ce point jusqu’à présent : Dans la « procédure d’asile régulière », seul le « noyau familial », c’est-à-dire le conjoint et les enfants mineurs, est pris en compte pour l’attribution aux cantons. Ceux qui ont des frères et sœurs, des cousins, des oncles, des nièces, des connaissances ou des amis en Suisse ne peuvent pas s’attendre à vivre avec eux ou à être attribués au même canton.

Ainsi, il n’est pas rare qu’un frère habite à Saint-Gall et que le Secrétariat d’État aux migrations envoie sa sœur à Lausanne. Ou encore, une personne vit à Zurich, tandis qu’un bon ami qui s’est réfugié en Suisse est attribué au canton de Neuchâtel, bien que ce dernier parle allemand, mais pas français. Car les connaissances linguistiques ne sont pas non plus prises en compte par le Secrétariat d’État aux migrations !

L’énorme vague de solidarité qui a également touché la population suisse est un signe que la population est prête à offrir protection et foyer aux personnes qui ont fui des régions en guerre ou en crise. Une inégalité de traitement entre les Ukrainiens et les autres réfugiés en matière d’hébergement privé et d’attribution aux cantons n’est ni compréhensible ni justifiée. Au contraire, les nouvelles possibilités qui placent le bien-être des personnes en fuite au centre des préoccupations doivent s’appliquer à tous !

En tant que signataires de la lettre ouverte, nous vous demandons, Madame la Conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, de rendre possible l’hébergement privé pour tous les exilés dès leur arrivée et de créer la base juridique nécessaire. Lors de l’attribution des cantons, le Secrétariat d’Etat aux migrations doit à l’avenir tenir compte de la famille élargie et des relations amicales ainsi que des connaissances linguistiques.

Organisations signataires:

Demokratische Jurist:innen Schweiz, Solidarité sans frontières, GSoA, Amnesty International, cfd, Grüne Schweiz, SP Schweiz, Campax, FIZ Fachstelle Frauenhandel und Frauenmigration, Junge Grüne Schweiz, OpenEyes Balkanroute, VPOD-NGO, Migrant-Solidarity-Network, Public Beta, Bürger:innen-Komitee Frontex-Nein, Solidaritätsnetz Bern, Grundrechte_CH, Europäisches BürgerInnen Forum, Unia, Be Aware And Share, Transgender Network Switzerland, Ceriba, Libereco – Partnership for Human Rights, Plattform Zivilgesellschaft in Asyl-Bundeszentren, Verein Give a Hand_CH, Schweizerische Beobachtungsstelle für Asyl- und Ausländerrecht, AsyLex, Solikarte, Solinetz Zürich, Bündnis unabhängiger Rechtsarbeit im Asylbereich und WeCollect.

                                                      Photo by Steve Johnson on Unsplash