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Notre regard

Burundi | Derrière la façade de la normalisation, une situation inquiétante

Camilla Alberti

Malgré l’espoir et les progrès qui ont accompagné l’élection du président Evariste Ndayishimiye en mai 2020, la situation au Burundi reste inquiétante. Dans un contexte où la documentation des atteintes aux droits fondamentaux est difficile en raison de l’accès restreint au pays et aux risques pour la sécurité des activistes burundais·es, les dérives rapportées sont nombreuses : arrestations et détentions arbitraires d’opposant·es, société civile et médias indépendants entravés dans leur liberté d’expression, droits des femmes bafoués, multiplication des incidents de sécurité, disparitions forcées.

Le rapport de la Commission d’enquête des Nations unies, seul mécanisme d’enquête international qui continue d’opérer sur le sujet, révélait en 2021 que «les membres des partis d’opposition (…) sont toujours régulièrement la cible de restrictions abusives et font l’objet de graves violations des droits de l’homme telles que les disparitions, les arrestations et détentions arbitraires et les actes de torture qui pourraient, pour certains, être considérés comme des ‹ crimes contre l’humanité ›» – et ce malgré une accalmie des abus constatée après les dernières élections.

Depuis 2020, plusieurs incidents de sécurité impliquant des affrontements entre les forces de sécurité et des groupes armés, ainsi que des attaques par des assaillants non identifiés ont été signalés, notamment dans les provinces limitrophes de la République démocratique du Congo. Dans certaines de ces attaques, des membres d’Imbonerakure – la ligue des jeunes du parti présidentiel, qualifiée de milice par l’ONU – auraient soutenu l’armée nationale.

Human Right Watch constate par ailleurs que, malgré les quelques restrictions qui ont été levées par le nouveau président, l’espace démocratique reste fermé et que les autorités exercent toujours un contrôle étroit sur les activités de la société civile et des médias.

Source: Woodtli



Ainsi, si les violations documentées touchent principalement des membres de partis d’opposition, elles concernent aussi, dans une moindre mesure, la population burundaise en général. La Commission d’enquête des Nations unies rapporte que des personnes récemment rapatriées, dont certaines, actives politiquement dans le passé, auraient été arrêtées, détenues arbitrairement et torturées. «La peur d’être recherché, arrêté ou tué a poussé des réfugiés à retourner vers leur pays d’accueil» souligne en ce sens le rapport (p. 9).

Les femmes sont dans ce contexte particulièrement vulnérables et feraient face à d’importants risques de violences et d’exploitation sexuelles. À noter par ailleurs que des cas de violence et de disparitions forcées sont également rapportés dans des camps de réfugié·es à l’extérieur du pays, notamment en Tanzanie (voir article « Burundi | Délicate reconstruction d’un petit pays »).

Quelques sources