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Documentation

EUAA | Reconnaissance de persécution envers les femmes afghanes

L’Agence européenne pour l’asile a publié les résultats d’une évaluation qui devrait pousser les pays européens à accorder le statut de réfugiée à toutes les femmes afghanes. Le Danemark a déjà annoncé la mise en œuvre de cette pratique (Voir article publié le 30.01.2023 dans Le Monde « Le Danemark va systématiquement accorder l’asile aux Afghanes« ). La Suède s’était prononcée favorable à cet octroi systématique en décembre 2022 déjà. Dans son « guide pays », l’Agence écrit: « Les orientations concluent que, compte tenu de la politique des Talibans et de la mise en œuvre de la charia, les femmes et les filles sont en général exposées à des risques de persécution et peuvent donc prétendre au statut de réfugié. Cette conclusion a été tirée sur la base des restrictions qui leur sont imposées en termes d’accès aux soins de santé et au travail, de leur liberté de mouvement et d’expression, ainsi que de leur droit à l’éducation, entre autres. » Le message est clair.

Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de presse de l’Agence européenne pour l’asile publié le 25 janvier 2023. Nous l’avons traduit de l’anglais vers le français. Vous pouvez télécharger l’entier du rapport (en anglais) ici ou sur le site de l’Agence.

Afghanistan : Les restrictions imposées par les talibans aux femmes et aux filles s’apparentent à de la persécution

L’Agence européenne pour l’asile (EUAA) a publié une évaluation conjointe actualisée de la situation en Afghanistan. Dans un guide par pays nouvellement publié, elle conclut que les femmes et les filles risquent d’être persécutées par les talibans et, par conséquent, peuvent en général prétendre au statut de réfugié en Europe.

Selon l’analyse la plus récente de l’EUAA, l’Afghanistan reste l’un des principaux pays d’origine des demandeurs de protection internationale, avec environ 14 900 demandes déposées dans l’UE+ rien qu’en novembre 2022. Dans ce contexte, le « Guide par pays : Afghanistan » est un pilier essentiel du soutien de l’UE aux autorités nationales chargées de l’asile. Il fournit une analyse approfondie et des orientations claires pour déterminer qui peut bénéficier d’une protection internationale, en se fondant principalement sur les publications les plus récentes de l’EUAA concernant les informations sur les pays d’origine (COI).

Les dernières orientations évaluent les besoins de protection permanents de profils spécifiques ciblés par les talibans, tels que les anciens responsables du gouvernement afghan et les groupes de résistance anti-talibans, les personnes ayant soutenu les forces militaires étrangères dirigées par l’OTAN et les défenseurs des droits de l’homme. En ce qui concerne les minorités ethniques et religieuses, le ciblage généralisé des Hazaras et autres chiites par la province de l’État islamique du Khorasan (ISKP) les expose à un risque important, en particulier dans les grandes villes d’Afghanistan où de nombreuses attaques terroristes ont eu lieu.

Photo de Ehimetalor Akhere Unuabona sur Unsplash


Plus important encore, les orientations concluent que, compte tenu de la politique des Talibans et de la mise en œuvre de la charia, les femmes et les filles sont en général exposées à un risque de persécution, et donc éligibles au statut de réfugié. Cette conclusion s’appuie sur les restrictions qui leur sont imposées en termes d’accès aux soins de santé et au travail, de liberté de mouvement et d’expression, ainsi que de droit à l’éducation, entre autres.

Enfin, soulignant la situation humanitaire désastreuse et les problèmes de sécurité, le guide conclut qu’en général, il n’y a pas d’alternative de protection interne dans aucune partie de l’Afghanistan, si le demandeur quitte sa région d’origine.

Contexte

Les documents d’orientation par pays fournissent une analyse et des conseils communs, spécifiques à chaque pays, concernant les critères d’évaluation des besoins en matière de protection internationale établis dans la directive « qualification ». Ils sont élaborés en collaboration avec des hauts responsables politiques des pays de l’UE+.

Conformément à l’article 11 du règlement EUAA
les États membres ont l’obligation de tenir compte des notes d’orientation et de l’analyse commune lors de l’examen des demandes de protection internationale – sans préjudice de leur compétence pour statuer sur les demandes individuelles.