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Notre regard

Témoignage | Hamideh saisit l’occasion de son mémoire de fin d’apprentissage pour se réapproprier son histoire

Extraits recueillis par Danielle Othenin-Girard

Hamideh, jeune réfugiée d’origine afghane, saisit l’occasion de son mémoire de fin d’apprentissage pour se réapproprier son histoire et se projeter dans l’avenir.

Hamideh vit à Genève depuis plusieurs années. Elle a récemment terminé sa formation d’assistante en soins et santé communautaire. Elle ne connaît que trop la valeur de cette formation pour son avenir et son indépendance. Née en Afghanistan, ayant vécu quelques années en Iran, elle sait de l’intérieur ce que signifie les privations d’école et l’interdiction d’accéder à un travail: « Je vis ici et je veux, je peux apprendre un métier; mais je suis aussi née en Afghanistan, je ressens personnellement ce qui se passe dans mon pays et pour les femmes musulmanes en général ».

Femmes afghanes en 1927, Wikimedia

Elle a suivi de près les événements survenus en Iran et la lutte des femmes. Et elle constate que même en Occident tout n’est pas rose et que « la question des femmes touche tout le monde ». C’est ce qui la motive à choisir, comme sujet de son mémoire de culture générale, « La situation des femmes en Afghanistan ». À travers ses recherches, Hamideh découvre que la condition de la femme dans son pays d’origine a beaucoup varié au cours de l’Histoire, que de réels moments d’émancipation ont existé, avec des droits inscrits dans la loi. Minutieusement, elle retrace une chronologie de ces moments-clés. Elle constate aussi la fragilité de ces avancées, qui s’explique par les incessants bouleversements politiques qui frappent son pays. Il suffit d’un changement de pouvoir pour que les droits des femmes se perdent à nouveau. Plus particulièrement, elle analyse ce que signifie tragiquement aujourd’hui, sous le régime des talibans, la perte de ces droits.

En même temps, elle prend conscience que les femmes ont toujours cherché à lutter pour leurs libertés par toutes sortes de stratégies, souvent contraintes à des actions clandestines: « La question de l’avenir des femmes en Afghanistan est douloureuse, sans aucun droit légitime, leur avenir est bien sombre. Malgré tout, la résistance s’organise et la plupart d’entre elles espèrent pouvoir un jour, à nouveau, exister dans la société ».

Par le cheminement de sa réflexion, Hamideh donne le sentiment de se renforcer dans son identité de femme afghane, avec une envie de s’impliquer et ne pas rester seulement observatrice passive de ce qui se passe dans son pays. Elle termine son mémoire avec ces mots: « J’ai appris beaucoup de choses sur l’histoire et les droits des femmes dans mon pays. Je vais continuer à m’informer sur ce sujet, à cause aussi des révoltes qui se passent actuellement en Iran et en Afghanistan. Je me sens concernée. J’aimerais profiter de ce que j’ai appris pour transmettre à mes enfants et les élever dans le respect des droits des femmes ».