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Comptoir

Conseil suisse de la presse | Demi-victoire dans l’affaire des requérant·es de Windisch

Marco Danesi & Elodie Feijoo | asile.ch

Le Conseil suisse de la presse, saisi par la direction du PS suisse, a partiellement admis la plainte à l’encontre de 20 minutes. Il estime que deux des trois articles controversés ont violé les articles 1 (devoir de vérité) et 5 (devoir de rectification) de la Déclaration des devoirs et des droits du·de la journaliste.

Contexte

L’affaire avait fait beaucoup de bruit en 2023: des baux à loyer auraient été résiliés pour accueillir des requérant·es d’asile dans des immeubles situés dans la commune argovienne de Windisch. 20 Minutes, notamment, avait relayé cette information. En réalité, on avait appris par la suite que les appartements concernés allaient être démolis, ce qui avait motivé en premier lieu les résiliations. Quant aux requérant·es d’asile, l’idée était de les héberger temporairement dans ces logements, en attendant le début du chantier (lire notre précédent décryptage sur cette affaire). La direction du PS suisse avait alors saisi le Conseil suisse de la presse. Le parti jugeait que 20 Minutes n’avait pas relaté correctement le sujet en mentionnant uniquement l’hébergement de requérant·es d’asile comme motif indiqué pour les résiliations.

Décision nuancée du Conseil suisse de la presse

Le Conseil suisse de la presse a récemment publié sa prise de position sur ce sujet. L’instance de recours du public et des journalistes pour les questions de déontologie journalistique a rendu un jugement nuancé. Si la violation des devoirs de rechercher la vérité et de rectifier toute information publiée qui se révèle matériellement inexacte a été reconnu pour les deux articles du 2 mars 2023; aucune violation n’a été constatée pour l’article du 27 février 2023. Ce dernier s’étant basé sur un communiqué de la Commune mentionnant exclusivement l’accueil des requérant·es comme motif des résiliations, le Conseil a considéré qu’il serait «disproportionné et impraticable de devoir rectifier a posteriori tous les articles de presse concernant des déclarations fausses ou inexactes des autorités». Ainsi, le Conseil admet des exceptions à l’obligation de rectifier des informations manifestement fausses; celles-ci peuvent perdurer sur les sites internet des différents médias sans rectificatif.

Décrypter les communications officielles

Comme dans le cas de la Commune de Windisch, une grande partie de l’actualité médiatique sur l’asile et les migrations découle de com­muniqués des autorités (fédérales, cantonales ou communales) dont le contenu est souvent repris quasi à l’identique dans les médias. Perçus comme corrects, neutres et objectifs, ces communiqués mériteraient pourtant, comme toute information, un travail d’analyse et de fact-checking. A travers son projet Le Comptoir des médias, asile.ch anime des ateliers ans les écoles de journalisme, lors desquels nous insistons sur l’importance d’analyser et de questionner les communiqués des autorités.

© Photo d’illustration: Michal Czyz sur Unsplash