Statut S | Emploi : on reprend le même objectif, et on recommence ?
Fin 2024, le taux d’emploi des personnes titulaires du statut S devait s’élever à 40%. Selon les dernières statistiques officielles du Secrétariat d’État aux migrations disponibles (novembre 2024) au moment où nous écrivons ces lignes, le taux est de 29,2%. Objectif manqué donc. Pourtant, pour 2025, le Conseil fédéral reprend le même et l’augmente de 5% : d’ici la fin de l’année, 45% des titulaires du statut S devront avoir trouvé un emploi. Un chiffre jugé ambitieux par les autorités. Irréaliste selon certains cantons, qui craignent des coupes dans les subventions fédérales s’ils n’atteignent pas l’objectif. Va-t-on y arriver cette fois ? Une chose est sûre, une série de questions se pose, notamment au regard du calendrier proposé par le SEM. Courte analyse ci-dessous.
Comment y parvenir?
D’un côté, les acteurs de l’économie sont plus engagés que jamais pour intégrer dans leurs entreprises les réfugié·es d’Ukraine (un élan qu’on n’avait encore jamais vu pour des réfugié·es d’autres pays) ; un délégué spécial a été nommé par le DFJP pour renforcer le lien entre l’économie privée et les autorités ; de nouvelles mesures ont été prises, accompagnées de budget supplémentaire. Et pourtant, l’objectif de l’année passée a été manqué. Et pas de peu. Pourquoi ? La faute serait-elle du côté de la toujours très longue procédure pour la reconnaissance des diplômes étrangers ? De la barrière linguistique, qui doit être franchie avec quelques heures de cours seulement ? Des idées reçues autour des personnes issues de l’asile ? Du statut « provisoire » de leur séjour en Suisse ? Des démarches administratives qui rebutent les employeurs·euses ? Ou à un calendrier peu en adéquation avec les objectifs ?
Où sont les blocages?
Ces deux dernières questions aboutissent à la suivante : selon la fiche d’information du Secrétariat d’État aux migrations que nous relayons ci-dessous (publiée le 14 janvier 2025), l’introduction de la « simple annonce » pour les Statuts S, en lieu et place de l’obligation d’obtenir une autorisation, est annoncée pour « l’automne 2025 ». Pourquoi n’est-elle pas mise en œuvre plus rapidement, en ce début d’année ? Cette mesure a été annoncée l’année dernière déjà, c’est un frein connu et répété par l’économie : la bureaucratie freine l’intégration professionnelle des personnes issues de l’asile – des titulaires du Statut S, ou d’un autre permis d’ailleurs. La procédure d’annonce est connue, puisqu’elle est déjà mise en œuvre pour les titulaires d’un permis B réfugié ou d’un permis F. Qu’est-ce qui empêche donc aujourd’hui son introduction rapide ? La réponse à cette question est cruciale, pour savoir où agir, afin d’atteindre, non pas un taux d’emploi idéal, mais une intégration socioprofessionnelle gagnante pour la société suisse, les personnes en quête de protection et l’économie. Car reprendre le même objectif (augmenté de 5%) sans y mettre les moyens, risque d’aboutir au même résultat.
Lien vers la fiche d’information du SEM mentionnée :
À noter : Si les autorités se focalisent actuellement sur l’intégration des Statuts S, n’oublions pas que les défis qui les touchent concernent également les autres personnes issues de l’asile, qui se heurtent à des obstacles similaires sur le marché de l’emploi.
Des enjeux à retrouver dans la brochure « Réfugié·es & emploi, au-delà des idées reçues »