L’édito | Désinformation : l’urgence d’un sursaut collectif
Sophie Malka
«Dans un monde marqué par des divisions de plus en plus profondes et des risques en cascade, les dirigeants mondiaux ont le choix : favoriser la collaboration et la résilience, ou faire face à une instabilité aggravée. Les enjeux n’ont jamais été aussi élevés.» Mirek Dušek, directeur général du WEF.

Donald Trump, Elon Musk, Mark Zuckerberg. Trois noms omniprésents dans l’actualité en ce début 2025 en raison des menaces de déstabilisation qu’ils posent sur la marche du monde et sur les démocraties, notamment du fait de leur rôle dans les mécaniques de la désinformation.
Trump et le mensonge d’État présenté comme «vérité alternative» ; Musk qui s’applique, avec son réseau X, à donner une audience aux pires conspirationnistes, antisémites, racistes, jusqu’à intervenir dans la campagne électorale allemande pour favoriser l’AFD ; et Zuckerberg, patron de Meta, qui, suite à la nomination de Musk par Trump, annonce démanteler ses équipes de fact-checking déjà peu efficaces, histoire de défendre son business…
La désinformation et la mésinformation figurent au deuxième rang des risques mondiaux à court terme identifiés par le Forum économique mondial (WEF) dans son analyse annuelle publiée mi-janvier[1]World Economic Forum, Global Risks Report 2025 : conflits, environnement et désinformation, 15.01.25.. Derrière les conflits armés. Ils constituent une «menace persistante pour la cohésion sociétale et la gouvernance en érodant la confiance et en exacerbant les divi- sions au sein des nations et entre elles.»
Quoi qu’on puisse penser du Forum de Davos, le tableau, sombre, est posé. Et la voie tracée : la coopération internationale. Autrement dit, prioriser le collectif sur les intérêts particuliers. Un appel à prendre ses responsabilités que devraient à leur tour insuffler dans leurs propres partis nos sept conseillères et conseillers fédéraux, présent·es dans la capitale grisonne. Au vu des récents débats parlementaires, il y a du pain sur la planche.
Car à l’échelle helvétique, l’impact de la désinformation est très concret. Volontaires ou non, les informations biaisées et stéréotypes influencent les représentations publiques sur les questions migratoires et sur les personnes concernées. Une image déformée qui se traduit par des manifestations de rejet, notamment dans les urnes, conduisant à des discriminations.
Il est là notre cheval de bataille : décrypter les discours et interventions parlementaires qui s’arrangent avec les faits ; questionner le traitement médiatique lorsqu’il s’en fait l’écho sans contextualiser, ou qu’il propose des titres racoleurs au risque de renforcer la polarisation de la société (p. 25, 27) ; proposer des outils explicatifs, des données factuelles. Mais aussi, parce que nous sommes toutes et tous submergé·es par le flux d’informations qui nous parviennent par divers canaux, contribuer à outiller divers publics afin que chacun·e puisse à son tour démêler le vrai du faux, à son tour agir et réagir.
Nous avons développé une expertise dans l’éducation aux médias. Nous souhaitons l’élargir aux réseaux sociaux – principale source d’information chez les jeunes – où les risques en termes de désinformation et de préjugés sont décuplés (p. 29). Ce combat, nous ne pourrons le mener qu’en cultivant nos collaborations et nos synergies. Plusieurs mobilisations ont montré que l’union fait la force (p. 3, 7). C’est notre pari dès 2025.
L’information a un coût. Notre liberté de ton aussi. Pensez-y !
ENGAGEZ-VOUS, SOUTENEZ-NOUS !!
Notes
↑1 | World Economic Forum, Global Risks Report 2025 : conflits, environnement et désinformation, 15.01.25. |
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