Projection | Mes promesses, un film qui interpelle
Apolonia Mostajo (elisa-asile)
Le 15 mai 2025 Hassan Akbari présentait « Mes Promesses » à la Maison internationale des associations dans le cadre de l’Assemblée générale d’elisa-asile: un court-métrage qui éclaire une réalité administrative et sociale méconnue et un témoignage poignant sur le vécu et les réalités du système de l’asile. Le film sera à nouveau projeté jeudi 19 juin à l’Université de Genève, à l’occasion d’une semaine d’événements autour des 20 ans de l’aide d’urgence.
Le réalisateur, étudiant à l’école de cinéma de Genève, s’est inspiré de son histoire personnelle et de celle de ses compatriotes pour réaliser son projet de fin d’études.

Dans « Mes Promesses », on découvre un jeune homme afghan en attente d’une décision sur sa demande d’asile. Parallèlement, on suit son rapport à sa famille, restée en Afghanistan, à qui il dissimule ses conditions de vie. Depuis la Suisse, le jeune homme cherche à les rassurer, malgré son angoisse palpable. D’autant que sa mère s’avère être très malade. Le film illustre parfaitement cette inquiétude de tous les instants chez le jeune demandeur, pris en étau entre un possible rejet de sa demande d’asile et son désir de rester en Suisse.
À travers cette histoire fictive, le réalisateur voulait rendre hommage aux victimes de cette procédure d’asile oppressante et arbitraire, à l’image d’Alireza Hosseini, qui a mis fin à ses jours en 2019 au foyer de l’Étoile à Genève, ou encore d’Alireza Rahimi en 2022.
Dans le film, notre protagoniste vit dans une chambre étroite, avec pour tout mobilier un lit et un bureau. Une austérité qui ne lui laisse nul autre loisir que l’accomplissement de ses devoirs de français et – quand il le peut – dormir. Il est souvent seul. Loin de sa famille et des siens. N’exprime à travers le film que des sentiments de désespoir, de rage et de frustration. L’attention est centrée sur la souffrance du protagoniste, qui suffoque sous le poids de cette situation intenable.
Ces conditions de vie rudes alliées à un terrain psychologique fragile sont le terreau idéal pour l’infusion d’idées noires. Ainsi, certains demandeurs d’asile – parmi eux le réalisateur et l’un de ses camarades d’exil, à qui il rend hommage – sont passés par des périodes intenses de dépression. Il faut dire que le parcours du réalisateur de 28 ans a été semé d’embûches.
Hassan Akbari est un jeune Afghan ayant grandi en Iran dans une famille précaire. Alors qu’il achève son certificat d’école primaire, il enchaîne plusieurs petits boulots, dont fleuriste et couturier. Exilé en Suisse, ce jeune réalisateur a choisi cette voie pour mettre en avant sa culture devant un large public, mais aussi et surtout, pour faire du cinéma afghan, une industrie inexistante dans ce pays. « Mes promesses » constitue son travail de bachelor de l’École de Cinéma de Châtelaine et le vœu de faire revivre cet art dans son pays d’origine. A présent, il est à la recherche d’une opportunité dans le monde du 7ème art.
Aujourd’hui détenteur d’un permis F, le réalisateur ne peut pas rendre visite à sa famille. Il a, comme le protagoniste de son film, une mère malade restée au pays. En plus de revoir les siens, le cinéaste espère entrer dans la vie active, d’avoir une “bonne vie” et de fonder une famille.
Cet article a été rédigé pour asile.ch par l’association elisa-asile
Prochaine projection · 19 juin 2025, 18h – UNIGE, salle MR2160
Court-métrage et discussion
- Bunkers – écrit et dirigé par Robin Adet
- Mes promesses – réalisé par Hassan Akbari
La projection sera suivi d’une discussion avec Nicole Andreetta, ancienne aumonière de l’Aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérants d’asile et des réfugiés (AGORA) et Giada de Coulon, collaboratrice scientifique HES spécialisée dans la question du sans-abrisme.