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Notre regard

SOS Méditerranée | Dix ans de sauvetage en Méditerranée

Marco Danesi (asile.ch)

Depuis 2015, l’ONG a secouru près de 40’000 personnes en détresse dans la mer méditerranéenne. L’anniversaire est surtout l’occasion de réaffirmer son engagement en faveur de la protection de la vie humaine et de politiques migratoires où la solidarité et l’humanité devraient primer sur le repli, le rejet et la répression.

Le navire humanitaire « Ocean Viking qui assure depuis juillet 2019 les sauvetage en mer des personnes naufragées. Alisha Vaya / SOS Méditerranée

Dix ans déjà, mais il n’y a pas vraiment de quoi fêter l’anniversaire de SOS Méditerranée. Certes, depuis ses débuts en 2015, l’ONG indique avoir sauvé près de 40’000 personnes en détresse dans les eaux entre les côtes africaines et l’Italie, alors qu’on estime à plus de 23’000, le nombre de décès pour la même période. En revanche, le contexte à la fois politique, juridique et administratif a continué de se durcir aux dépens des personnes qui cherchent à rejoindre l’Europe par la mer.

Dernière entrave en date, le décret Piantedosi, du nom du ministre de l’Intérieur italien qui a signé le document. Entrée en vigueur en 2023, ce décret « interdit à l’Ocean Viking [le bateau de SOS Méditerranée en service depuis 2019, ndlr] d’effectuer plusieurs sauvetages à la suite. Ce décret, couplé à une politique des ports de débarquement éloignés, aboutit à une criminalisation de l’action humanitaire et de la solidarité » déclarait le directeur de l’organisation, Elliot Guy, dans une interview à La Tribune de Genève du 8 mai 2025.

Auparavant, explique-t-il, « notre bateau conduisait ses rescapés à Lampedusa ou en Sicile, mais aujourd’hui, il doit naviguer cinq à six jours de plus pour rejoindre les lieux de débarquement, ce qui lui coûte plus cher. Nous passons le quart de notre temps à naviguer pour acheminer les passagers. Depuis le mois de janvier, nous avons brûlé 200’000 francs de carburant inutile et nous n’avons pu sauver que 700 personnes. Sur quatre mois, le navire a perdu un mois dans le transit. SOS Méditerranée a fait recours contre le décret italien et la Cour de Brindisi l’a déclaré anticonstitutionnel, mais la procédure court toujours. »

Il faut dire que SOS Méditerranée a toujours navigué et porté secours aux naufragé·es sous le coup de restrictions, blocus et menaces de sanctions de la part des gouvernements italien et libyen, notamment. C’est une constante depuis sa création par Klaus Vogel, capitaine allemand de marine marchande, et Sophie Beau, coordinatrice française de projets sociaux et humanitaires.

Entre harcèlements règlementaires sur l’état des navires de secours, fermeture des ports, interdictions de débarquements, sans parler des polémiques sur le financement de l’ONG et les attaques des milieux hostiles au droit d’asile, SOS Méditerranée a su cependant tenir le cap et poursuivre ses missions : sauver et faire respecter le Droit maritime international, soit l’obligation d’aider toutes les personnes en détresse en mer ; protéger les personnes secourues et témoigner afin de faire évoluer les pratiques et les cadres légaux.

Au cours de cette année anniversaire, SOS Méditerranée Suisse active depuis 2017 – l’une des quatre entités distinctes qui constituent l’ONG; l’une basée en France (depuis 2015), une autre en Allemagne (depuis 2015, également), et une troisième en Italie (depuis 2016) – a lancé une campagne de recherche de fonds. Parmi les actions prévues, l’antenne suisse organise le 25 septembre un concert de soutien à l’Alhambra.


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