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OSAR | Renvois intenables vers l’Italie

La Suisse est, de loin, le pays qui renvoie le plus de réfugié-e-s en Italie. Huit transferts sur dix selon la procédure Dublin proviennent de Suisse. Début juin, une délégation de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR s’est rendue sur place pour se faire une idée de la situation. Dans le contexte des nombreux débarquements de réfugié-e-s sur les côtés du sud de l’Italie, il faut de toute urgence que les pays membres du nord et de l’ouest de l’Europe fassent preuve de solidarité envers les Etats situés à la frontière de l’UE

Analyse publiée sur le site de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), le 10 octobre 2013. Cliquez ici pour lire l’article sur le site de l’OSAR.

Aucune assistance

Les requérants d’asile qui arrivent en Italie ont droit à une prise en charge de base pendant la durée de la procédure d’asile. Mais dès que leur besoin de protection en tant que réfugié est reconnu, ils perdent le droit à tout type d’hébergement. « L’Italie ne connaît pas l’aide sociale », relate Muriel Trummer, experte en droit de l’OSAR. Elle était sur place pour se faire une idée de la situation des réfugiés en Italie. « La grande majorité devient des sans-abri, parce qu’ils ne reçoivent plus aucun soutien de l’État en tant que réfugiés reconnus. Ils atterrissent dans la rue, sans aucune chance de décrocher un emploi. Les réfugiés n’ont pas le filet de la famille sur lequel de nombreux Italiens peuvent encore compter. » La plupart se rendent à Rome ou à Milan, car il est plus simple d’y organiser la vie au quotidien, d’y trouver de la nourriture et des vêtements.

Plus de 6000 réfugiés, enfants, femmes, personnes atteintes de maladies psychiques vivent dans la seule capitale. Ils passent leurs journées entières à l’extérieur à faire la queue pour la soupe populaire, dénicher une place pour dormir et trouver un moyen de se laver. Le quotidien est ainsi dominé par le combat pour survivre et satisfaire ses besoins de base. Avec la crise économique, la situation s’est nettement détériorée. « Les personnes qui sont renvoyées vers l’Italie avec le statut de réfugié n’ont aucune chance d’y trouver un toit sûr, aucune chance d’y obtenir une aide sociale ou une quelconque assistance », raconte Seraina Nufer, juriste et membre de la délégation OSAR.

Le système italien présente de graves manques

Par les défauts systémiques de sa procédure d’accueil pour les requérant-e-s d’asile et les personnes pouvant prétendre à une protection, l’Italie enfreint ses engagements internationaux. C’est pourquoi une obligation renforcée de clarification incombe dans chaque cas aux Etats membres de Dublin donnant lieu à des renvois. Les autorités suisses doivent mener des investigations concrètes pour déterminer ce qu’il adviendrait de la personne en cas de renvoi vers l’Italie. La situation des personnes vulnérables, ainsi que des femmes et des familles avec enfants, doit être prise en considération tout particulièrement.

Les revendications de l’OSAR

Les autorités suisses doivent mener des investigations concrètes pour déterminer ce qu’il adviendrait de la personne en cas de renvoi vers l’Italie. La situation des personnes vulnérables, ainsi que des femmes et des familles avec enfants, doit être prise en considération tout particulièrement.
Si la probabilité est grande pour que la personne renvoyée se retrouve dans la rue, sans aucune possibilité de prendre son indépendance, il convient de renoncer à un transfert vers l’Italie.
Les Etats de l’UE et la Suisse doivent maintenant faire preuve de solidarité avec des pays tels que l’Italie, qui doivent gérer un nombre disproportionné de personnes en quête de protection. Si la politique européenne de cloisonnement continue à être perfectionnée, il ne restera plus que la voie dangereuse par bateau aux personnes pouvant prétendre à une protection. La honte de Lampedusa fustigée par le pape serait ainsi pérennisée.

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