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La Cité |  Réfugiés syriens: le HCR exprime son inquiétude sur le plan négocié à Bruxelles avec la Turquie

Au terme de discussions laborieuses, c’est tard dans la nuit du 7 au 8 mars que les Vingt-Huit représentants de l’Union européenne (UE) et le premier ministre turc, Ahmet Davutoğlu, ont réussi à s’entendre. Le projet d’accord prévoit de renvoyer vers la Turquie tous les migrants arrivés en Europe via son territoire. En contrepartie, Ankara obtiendra, d’une part, des fonds supplémentaires et, d’autre part, la suppression de visas pour ses ressortissants d’ici la fin de l’année en cours.

Article de Catherine Fiankan-Bokonga, publié sur le site de La Cité, le 8 mars 2016. Cliquez ici pour lire l’article sur le site de La Cité.

Ce projet de gestion des flux migratoires et de rétablissement de la libre circulation dans l’espace Schengen suscite l’inquiétude du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) car il ne respecterait pas les principes de protection des réfugiés conformément à la législation internationale.

Lors de la réunion, il a été convenu qu’Ankara «réadmettrait sur son territoire les ressortissants syriens revenus des îles grecques et que ceux-ci pourraient alors demander l’asile en Turquie, étant entendu que pour chaque réfugié syrien réadmis, l’UE accueillerait directement un autre réfugié en provenance de Turquie».

En échange, l’Union européenne octroiera une somme de trois milliards d’euros pour la «facilité en faveur des réfugiés en Turquie». L’Europe est aussi prête à garantir le financement d’une première série de projets avant la fin du mois de mars et à donner des moyens financiers supplémentaires destinés à leur mise en œuvre. Les dirigeants européens espèrent ainsi rétablir un espace Schengen pleinement fonctionnel, sans contrôles aux frontières intérieures. Plus de 4 millions de réfugiés venant de Syrie sont actuellement répartis dans cinq pays, la Turquie (1,9 million), le Liban (1,2 million) la Jordanie (650’000), l’Irak (249’463) et l’Égypte (132’375).

Quelques semaines avant la tenue de la conférence, le Haut-Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi, avait recommandé un engagement politique fort pour remédier à ce qu’il qualifie «de crise de la solidarité au niveau européen en même temps qu’une crise de réfugiés». Un plan d’action en six points avait été proposé pour gérer et stabiliser la situation des réfugiés.

À ce jour, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a pris note du choix européen et a exprimé son inquiétude relative à certaines dispositions. Vincent Cochetel, directeur du bureau du HCR pour l’Europe, nous fournit des précisions.

Les dirigeants de l’UE se réuniront à nouveau le 15 mars prochain. Comme l’a indiqué à l’issue de la réunion le président de l’UE Jean-Claude Juncker, «l’organisation concrète de l’accueil des réfugiés doit encore être discuté plus en détail». C’est pourquoi un délai de dix jours a été agendé pour la finalisation du document. L’accord devrait être entériné lors d’un sommet prévu les 17 et 18 mars.

Programmée de longue date et fixée au 30 mars à Genève, la conférence chargée de trouver des voies légales pour accueillir les réfugiés syriens dans le monde s’établit désormais comme une solution complémentaire au futur accord entre l’UE et la Turquie.