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Notre regard

Valais | Octroi du statut de réfugié 2006, un bon cru pour l’asile?

Année faste en Valais pour la reconnaissance du statut de réfugié ? C’est du moins ce que l’on pourrait conclure si l’on tient compte du fait que depuis juin de cette année, une douzaine de requérants accompagnés par le Centre Suisses-Immigrés dans leur procédure ont obtenu l’asile. En majorité, des ressortissants d’Erythrée, déserteurs, réfractaires ou appartenant à des communautés religieuses non tolérées par le gouvernement.

Certains d’entre eux étaient déboutés depuis plusieurs années, c’est donc sur la base d’un réexamen qu’ils ont obtenu l’asile. D’autres avaient déposé un recours auprès de la Commission suisse de recours en matière d’asile (CRA) après un premier refus de l’Office fédéral des migrations (ODM), et c’est finalement cette dernière instance qui est revenue sur sa première décision négative. Quelques dossiers sont encore en attente auprès de l’ODM et de la CRA et nous espérons vivement que ces deux autorités se détermineront aussi de manière favorable.

Une très longue attente

Il est évident que nous ne pouvons que nous réjouir de constater que l’autorité compétente en matière d’asile reconnaisse enfin la justesse des motifs invoqués par les Erythréens à l’appui de leur demande de protection. Nous devons pourtant déplorer que certains d’entre eux aient dû attendre plusieurs années, avant que leur droit à obtenir le statut de réfugié ne soit reconnu. Que parmi eux, un requérant dont le dossier était des plus solides, avec des moyens de preuves irréfutables, a finalement décidé de quitter la Suisse après le rejet de sa demande d’asile et de sa demande de reconsidération, les autorités ayant qualifié ses propos d’invraisemblables et estimé d’une gravité relative les persécutions dont il avait été l’objet. Cet homme aurait aujourd’hui obtenu l’asile.

La persévérance paie

Il faut souligner ici encore, que parmi les bénéficiaires du statut de réfugié, nous comptons une Somalienne et une Ethiopienne. Pour la première, nous avions recouru il y a plus de six ans, refusant le permis F (admission provisoire) octroyé, estimant en effet que les atteintes subies relevaient des critères retenus à l’article 3 (définition du terme de réfugié) de la loi sur l’asile. Pour la seconde, victime d’un mariage forcé, nous avions également déposé un recours. Pour les deux situations, c’est l’ODM qui a reconsidéré les premières décisions rendues et reconnu le droit d’asile.

Preuves qu’il vaut la peine de persévérer et déployer tous nos efforts pour que les droits des requérants d’asile soient respectés. Et qu’il convient de ne pas baisser les bras, même si cette défense va s’avérer encore plus ardue en regard des nouvelles lois adoptées le 24 septembre dernier par le peuple suisse.

Françoise Jacquemettaz