Nouvelle LAsi | Aide d’urgence pour tous les déboutés: Aperçu de pratiques cantonales
Depuis le 1er janvier, les requérants d’asile déboutés sont exclus de l’aide sociale et mis au même régime «d’aide d’urgence» que les requérants frappés par une non-entrée en matière (NEM). Cette mesure précarise des milliers de personnes, des célibataires, mais aussi des familles avec enfants, la plupart en Suisse depuis de longues années. La nature de cette aide (en nature ou en espèce) et son application varient selon les cantons.
Le canton de Soleure a commencé dès le mois d’août 2007 à mettre les requérants déboutés à la rue, en omettant délibérément de les informer de leur droit à l’aide d’urgence. Les familles peuvent pour le moment rester dans leurs appartements. Mais désavantagées par la dégressivité du système d’aide d’urgence soleurois, elles touchent un pécule si modeste qu’il ne garantit même plus une nourriture suffisante: le montant journalier de 9 francs par jour pour une personne seule, passe à 21 francs pour une famille de quatre personnes, puis est augmenté de 3 francs par personne supplémentaire. Depuis le 1er janvier, M et Mme B. et leurs trois enfants de 9, 11 et 13 ans, en Suisse depuis sept ans, ne disposent plus que d’un montant de 24 francs par jour.
Familles mises à la rue
Si les familles de déboutés «soleurois» ne sont pas (encore) expulsées de leurs logements, celles qui sont domiciliées dans les cantons d’Argovie, de Zurich et de Berne n’ont pas toutes eu cette chance. En Argovie une famille de six personnes avec des enfants de 4 à 13 ans, en Suisse depuis treize ans, a reçu le 21 décembre l’ordre de quitter son appartement pour le 31 décembre, sans qu’un autre logement ne lui soit proposé par le service compétent. Entre le 9 et le 21 décembre, d’autres familles déboutées ont fait l’objet du même traitement.
Enfants pénalisés
Dans le canton de Berne, le transfert dans les centres d’urgence, des requérants déboutés vivant dans les communes, se passe selon la logique suivante: «en premier les personnes seules, en second les familles sans enfants scolarisés et en dernier les familles avec enfants scolarisés». Cette chronologie n’est pas toujours respectée. La famille K. a été transférée il y a plusieurs mois déjà, dans le centre pour déboutés de Lyss, et l’aîné des trois enfants (5, 7 et 9 ans) a été déscolarisé. Les parents et les enfants se partagent une seule chambre, chaque membre de la famille a droit à un bon-nourriture journalier d’une valeur de 8 francs, valable uniquement pour le kiosque intégré au centre.
Françoise Kopf