Editorial | Votre soutien renforce notre détermination
Vous avez été nombreux à répondre positivement à notre appel financier de novembre. Chacune et chacun, selon vos moyens, avez tenu à assurer Vivre Ensemble de votre soutien. Au moment où nous mettions sous presse, la totalité de vos promesses de dons s’élevait à quelque 31’110 francs, en légère hausse par rapport à l’année passée. Nous vous disons ici un immense merci!
Grâce à vous, nous pouvons démarrer l’année 2010 avec une partie des ressources nécessaires à la poursuite de notre travail d’information. Nous entamons surtout cette nouvelle décennie avec le sentiment que nous ne sommes pas seuls à vouloir défendre un véritable droit d’asile. Que tout n’est pas joué. Et de votre soutien, nous en aurons bien besoin face aux défis qui se dessinent.
Loi sur l’asile, aide d’urgence, droit au mariage sont autant de thèmes sur lesquels Vivre Ensemble et, plus largement, les mouvements et personnes actifs sur le terrain de l’asile auront à se battre dans les années à venir. Se battre sur le terrain du droit : qui sera le premier à aller à Strasbourg pour revendiquer le droit de se marier en Suisse avec un-e refusé-e de l’asile? Se battre, surtout sur le terrain des valeurs. Quelles graines les politiques et les législateurs sont-ils en train de semer? Pourquoi cette impression, tenace, que nos sociétés occidentales se sont arrêtées de construire, de progresser, pour se salir, s’auto-mutiler?
Alors que les résultats de la consultation d’un premier projet de révision de la loi sur l’asile, lancée il y a plus d’un an, ne sont même pas connus, le DFJP et sa ministre viennent de soumettre un nouveau projet en consultation. La bonne nouvelle aurait pu être la suppression de certains motifs de non-entrée en matière. Mais le coup tordu n’est pas loin (p. 16). Réduire de 30 à 15 jours le délai de recours en cas de rejet de demande d’asile, ainsi que le souhaite le DFJP, est un moyen très efficace de barrer l’accès à la justice, et de s’attaquer à l’un des piliers de notre Etat de droit.
Autre épine dans le pied de notre démocratie: l’exclusion de l’aide sociale des recalé-e-s de l’asile. Inspiré d’une logique purement économique –mis en place dans le cadre du Projet d’allégement budgétaire 2003- le régime d’aide d’urgence vise à faire « disparaître » les débouté-e-s en leur imposant des conditions de vie intenables. Sur ce plan, l’objectif est atteint, les témoignages en attestent (p. 4). Que cette mise au ban de la société des humains n’ait pas d’impact sur l’«attractivité» de la Suisse n’émeut ni les autorités fédérales, ni les autorités cantonales, qui pourraient légalement renoncer à recourir à l’aide d’urgence (p. 3). Une pétition récemment déposée dans le canton de Vaud par le collectif Droit de rester va dans ce sens. Elle mériterait d’être reprise ailleurs.
Car rien n’est inexorable. Chacun porte en soi une part d’ombre, mais aussi une part d’humanité. C’est elle qu’il s’agit aujourd’hui d’activer, de stimuler. En cherchant à mieux faire connaître, dans ce journal, les initiatives privées ou collectives qui visent à réhumaniser notre société (p. 18), à recréer des liens dissolus jusqu’au sein des familles (p. 5), à renforcer les droits des plus faibles, et par extension, nos droits à tous, Vivre Ensemble s’y emploiera. Avec votre soutien.
Sophie Malka