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Le Courrier | Asile: la révolte gronde

L’asile va mal, mais les requérants se mobilisent dans le canton de Vaud. Parmi les centaines de millions de réfugiés poussés à l’exil dans le monde, une infime fraction arrive en Suisse. Où ils sont parfois traités sans ménagement, comme l’ont notamment dénoncé depuis août des demandeurs d’asile érythréens. Cette semaine, le collectif Droit de rester a condamné le renvoi cruel d’une famille au Kosovo par une lettre ouverte au Service de la population. Hier, la commission de santé publique du Grand Conseil a rendu un rapport alarmant sur la santé psychique des requérants d’asile. Mardi, deux cents personnes ont manifesté à Lausanne pour dénoncer les conditions d’accueil dans les «bunkers».

Editorial de Sophie Dupont paru dans Le Courrier, le 1er novembre 2014. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Dans les abris de la protection civile, des hommes logent dans des dortoirs de plusieurs dizaines de personnes, pendant plusieurs mois, dans une proximité redoutable qui incite à la violence. Les Erythréens arrivés en Suisse cet été ont découvert que leur lieu d’accueil ressemblait aux prisons souterraines de leur pays d’origine. A la stupéfaction de tous, ils ont commencé une grève de la faim puis ont rencontré la direction de l’Etablissement vaudois de l’accueil des migrants (Evam). Ils ont écrit au Conseil d’Etat avant de descendre dans la rue. Depuis lors, ils ont un visage, une voix: ils ne peuvent plus être ignorés.

Leurs conditions d’hébergement sont également dénoncées par des employés de l’Evam, alarmés par la violence institutionnelle exercée sur une minorité invisible: paroles dénigrantes, règlements restrictifs, confort minimal, nourriture chaque jour identique. Aujourd’hui, plus de la moitié des gens logés dans les abris PC vaudois sont en procédure d’asile. Avant même de savoir s’ils pourront trouver refuge en Suisse, ils sont traités comme des condamnés, obligés de sortir le matin, de rentrer à la tombée de la nuit, de justifier leurs absences, d’être fouillés à leur arrivée, d’être surveillés par des caméras. Comment peut-on justifier un tel accueil?

L’hébergement en abris PC apparaît comme une fatalité face à l’augmentation des demandes d’asile, fatalité derrière laquelle on se retranche, à droite comme à gauche, et qui empêche de trouver d’autres solutions. Jusqu’à ce que les requérants qui y sont logés montrent que ce n’est plus tenable.

Les changements viendront de l’intérieur. Les Erythréens, en se mobilisant, ont ouvert une brèche. Ils sont déterminés à ne pas se laisser faire. Il faudra les écouter.