Tout sauf un jeu d’enfant | Film et table ronde
Témoigner aide à surmonter les traumatismes
Guerres, violences et persécutions forcent aujourd’hui d’innombrables personnes à quitter leur pays d’origine pour un lieu inconnu, où elles tentent de surmonter les traumatismes vécus. Ces événements difficiles auxquels les parents ont été confrontés influent significativement sur la vie de leurs enfants. Les répercussions de la guerre et de la violence sur ces réfugiés de la deuxième génération, qui sont nés en Suisse ou y ont fait une grande partie de leur scolarité, mobilisent peu à peu l’attention des thérapeutes, des chercheurs et du public. Le film “Tout sauf un jeu d’enfant” donne la parole à quatre jeunes adultes nés en Suisse ou qui y ont suivi une grande partie de leur scolarité. Ils et elles y racontent les difficultés, les obstacles, mais aussi les ressources mobilisées et les succès qui ont jalonné leur parcours d’intégration.
Lancé en 2013 par l’équipe de Face migration , «Tout sauf un jeu d’enfant» est un projet au long cours : il a démarré en 2007 avec une exposition relatant les parcours de victimes de la guerre et de la torture dans leur quotidien en Suisse et se donne pour objectif de comprendre comment les conséquences de la guerre et des persécutions se manifestent chez la deuxième génération. Le film «Tout sauf un jeu d’enfant» fait témoigner quatre enfants des personnes suivies dans le cadre de l’exposition, devenus jeunes adultes entre- temps. Ceux-ci racontent la façon dont ils ont été confrontés, dans leur enfance, au passé traumatique / traumatisant de leurs parents et comment ceci a influencé leur quotidien et leurs comportements.
Le récit a pour effet de renforcer les ressources des personnes concernées. C’est pourquoi le film se focalise sur la famille dans son ensemble, qui joue un rôle central et peut être considérée soit comme un soutien, soit comme un facteur délétère lorsqu’il s’agit de surmonter des événements éprouvants. De plus, la famille est un lieu d’expression, d’interaction et de dialogue pour chacun de ses membres. Le dialogue leur permet de faire un travail sur leur passé éprouvant et leur procure de la force et des ressources nécessaires pour pouvoir reconstruire un avenir commun.
Néanmoins, certaines familles réfugiées craignent de parler de leur passé douloureux par peur de faire éclater des blessures. Se taire leur apparaît comme une mesure de sécurité. Ils cherchent à protéger leurs enfants des conséquences négatives des traumatismes vécus. Dans une telle situation, les institutions de la société d’accueil telles que l’école jouent un rôle primordial dans la mesure où elles livrent des ressources permettant aux jeunes adultes de développer des mécanismes de défense et des capacités de mobilité sociale pour un avenir meilleur.
Notre film entend sensibiliser divers publics à cette problématique. Familles concernées, écoles, employeurs, permanences sociales ont en effet un rôle à jouer dans l’intégration des jeunes adultes, véritable défi pour notre société d’accueil.
A partir de ce film et de sa projection, accompagnée de débats entre différents acteurs concernés dans différents lieux de Suisse, un vidéo-box interactif sera ultérieurement développé et installé sur les places publiques ou devant des écoles dans certaines villes. Le but sera de créer un dialogue interactif virtuel entre la deuxième génération issue de la migration et les adolescents autochtones. L’opération permettra également de réfléchir aux conséquences de l’exode, de la guerre et des persécutions ainsi qu’aux différentes façons de vivre avec les traumas qui en résultent.
Le projet aboutira par la formulation de recommandations destinées aux professionnels et par la réalisation d’une exposition multimédia.
Bülent Kaya
Face Migration / www.face-migration.ch
– FILM ET DISCUSSION –
La Traverse, Genève
- Emmanuelle Hazan, journaliste, membre du comité de Vivre Ensemble
- Haron Ahmed Sayed Hashimi, étudiant en architecture, protagoniste du film
- Caroline Schlar, psychologue, consultation psychothérapeutique pour migrant-e-s, Appartenances Yverdon-les-Bains
- Philippe Schneider, travailleur social en milieu scolaire, centre de transition professionnelle et service de l‘accueil du post-obligatoire (ACPO)
- Bilal Ramadan, enseignant, membre-fondateur de l’association Reliance
Evénement organisé en collaboration avec Face Migration, avec le soutien du Bureau de l’intégration des étrangers, la Maison de quartier des Pâquis, et le Support for torture victims.