Neuchâtel | L’AMAR, lieu de rencontres et de possibles
De l’occupation à l’installation temporaire
Le Lieu Autogéré Multiculturel d’Accueil et de Rencontres (L’AMAR) a vu le jour en avril 2016 à Neuchâtel. L’initiative est née sous l’impulsion d’un groupe de personnes désireuses de proposer une nouvelle forme d’accueil des réfugié.e.s dans le canton de Neuchâtel et ainsi sortir de la logique d’exclusion. Un lieu vivant, qui fourmille d’activités, et qui voyage dans le canton au gré des espaces possibles.
C’est par l’occupation d’un bâtiment vide depuis de longues années et propriété de la Ville de Neuchâtel que l’aventure commence. L’opération vise à faire réagir la population et les autorités. L’AMAR y apporte quelques meubles et un programme d’activités pour une semaine. S’y succèdent avec succès un repas érythréen, la projection du film «Bunkers», une table- ronde, des réunions ouvertes ou des activités artistiques. La Ville de Neuchâtel s’oppose à cette occupation et enjoint L’AMAR à quitter les lieux, invoquant l’insalubrité de l’espace.
L’AMAR s’exécute, sans abandonner ses projets pour autant, et tout en maintenant un dialogue avec la Ville de Neuchâtel. Elle poursuit ses activités pendant plusieurs mois dans la rue ou dans divers lieux mis à disposition par la municipalité. L’investissement important de l’espace public apporte une grande visibilité. La Ville reconnaît la pertinence du projet et tente de chercher des solutions de relogement.
Au début de l’été 2016, L’AMAR a un nouveau pied-à-terre: une caravane installée aux Jeunes- Rives, la promenade populaire du bord du lac. L’association peut souffler et profiter de l’été. Un matériel de base est stocké dans la caravane et permet l’organisation de cours de français, de cafés blabla, d’un petit coin avec des objets gratuits ou de repas multiculturels, ceci sous l’oeil des passant.e.s.
A l’automne, les activités deviennent impossibles à organiser à l’extérieur et L’AMAR est inquiète pour son avenir. Fin octobre, la Ville propose de lui mettre à disposition des locaux préfabriqués dans le quartier de la Coudre, sur les hauts de Neuchâtel. Ceux-ci avaient été utilisés dans le cadre de la rénovation d’une école et seront démontés le 31 mai prochain. L’AMAR accepte la proposition avec plaisir et s’installe dans ce quartier à grande mixité sociale.
Un projet reconnu
L’AMAR y pose donc ses valises et investit petit à petit les lieux grâce aux nombreux objets qu’elle reçoit. Un grand magasin gratuit, un espace salon-salle à manger, un coin cuisine, des jeux, des tables d’information et des salles polyvalentes prennent place. Le bouche-à-oreille fonctionne et le lieu, ouvert quotidiennement, trouve son public et confirme son utilité. Jusqu’à 60 personnes s’y retrouvent chaque jour, selon le moment de la journée et les activités: requérant.es d’asile, refugié.e.s, étudiant.e.s, voisin.e.s, retraité.e.s ou personnes précaires s’y investissent à la hauteur de leurs moyens. Par la rencontre et les affinités qui se créent, les préjugés tombent et chacun-e y acquiert des ressources afin de pouvoir se construire une nouvelle vie.
L’AMAR a à coeur de collaborer avec les différents acteurs qui oeuvrent avec les réfugié.e.s dans le canton et ailleurs, et de faire connaître leurs activités. Sa proximité avec un grand nombre de réfugié.e.s lui permet notamment de rediriger celles et ceux qui ont besoin d’être défendu.e.s vers l’association Droit de Rester Neuchâtel et les permanences du CSP et de Caritas.
Par des réunions hebdomadaires et des discussions informelles, L’AMAR s’interroge constamment sur la manière d’intégrer davantage encore les personnes migrantes dans les prises de décision et le fonctionnement du lieu afin d’estomper les frontières entre «participant.e.s» ou «organisateur.trice.s». Un processus dynamique qui nécessite de prendre régulièrement du recul.
Louise Wehrli
Edy Zihlmann
Contact:
- www.lamarneuch.ch
- L’AMAR (avenue du Vignoble 39, 2000 Neuchâtel (Jusqu’à fin mai 2017 !)