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Notre regard

Chronique Europe | Septembre à décembre 2018

1er octobre
Domenico Lucano, le maire de la commune italienne de Riace, en Calabre, a été arrêté. Il est accusé par les autorités d’aide à l’immigration clandestine (notamment de facilitation de mariages de convenance). Ce maire communiste, élu à trois reprises depuis 2004 a établi un système d’accueil et d’intégration des exilés dans son village cité en exemple de réussite dans de nombreux Etats européens. Il est une des cibles de l’actuel gouvernement, le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini préconisant notamment l’ouverture d’immenses centres de détention administrative. Une pétition en ligne #MimmoLucanoLibre circule sur change.org.

4 octobre
Le Mare Ionio, un nouveau bateau de sauvetage en mer Méditerranée a quitté son port en Sicile en direction des eaux internationales au large de la Libye. Cette embarcation humanitaire a été affrétée par des organisations italiennes en réaction à la politique anti-accueil de Salvini et à l’inaction des États européens au regard des drames qui se jouent en mer, notamment avec le blocage de l’Aquarius. Le but de cette nouvelle action: sauver des vies et témoigner de la situation en mer Méditerranée.

2 novembre
L’Union européenne lance la phase d’expérimentation d’un détecteur de mensonges à quatre postes frontières de l’espace Schengen en Grèce, Hongrie et Lettonie. Le but est d’effectuer un premier « tri » pour identifier les personnes «à risque». Outre les problèmes éthiques liés à la déshumanisation du contrôle et à l’utilisation d’une intelligence artificielle, le programme ne semble pas efficient; il n’atteint jamais plus de 76 % de réussite lors des tests effectués en laboratoire.

7 novembre
Le film « Libre », réalisé par Michel Toesca, est sorti en salle. Le documentaire retrace trois ans du combat de l’agriculteur Cédric Herrou qui accueille des personnes exilées chez lui, dans la vallée de la Roya, en France, et qui a été inquiété par la justice pour ses actions de solidarité.

8 novembre
Le procès des «3+4 de Briançon» a débuté au Tribunal de Gap. Le procureur a requis 6 à 12 mois d’emprisonnement contre les sept militants qui ont participé à une manifestation solidaire à la frontière franco-italienne le 22 avril, en protestation contre les opérations du groupe d’extrême droite « Génération identitaire ». L’un d’eux a par ailleurs été inculpé de « rébellion » envers les forces de l’ordre. Une grande mobilisation de soutien, en France mais également à Genève, a eu lieu le jour de l’ouverture du procès. Verdict attendu le 13 décembre.

16 novembre
Les autorités hongroises ont refusé de donner accès aux zones de transit de Röszke et Tompa, où sont détenues des personnes ayant franchi la frontière serbe, aux experts indépendants du groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire. En signe de protestation face à cette entrave dans leur liberté d’enquête, les experts onusiens ont décidé de suspendre leur visite en Hongrie.

20 novembre
La justice italienne ordonne le séquestre de l’Aquarius dans le cadre d’une enquête sur le traitement de déchets considérés comme dangereux. « Cette mesure grotesque est mise en œuvre dans l’unique but d’empêcher les actions médicales et humanitaires pour sauver des vies en mer en les criminalisant encore davantage », a dénoncé Médecins sans frontière (MSF) qui coordonne les actions du navire de sauvetage humanitaire avec l’ONG SOS Méditerranée. Privé de pavillon depuis la fin du mois de septembre, l’Aquarius est toujours bloqué dans le port de Marseille.

20 novembre
Les personnes qui tentent d’entrer en Croatie après avoir traversé la Bosnie-Herzégovine au poste frontière de Maljevac sont victimes de violence policière. Principalement originaires d’Afghanistan, du Pakistan et d’Iran, elles veulent rejoindre la Croatie pour ensuite continuer leur parcours vers l’ouest. La police croate aurait notamment délibérément cassé et rendu inutilisables les téléphones et chargeurs des personnes en exil. Bloqués en Bosnie, les exilés peuvent compter sur l’accueil des résidents de la petite ville de Velika Kladusa. D’après le Conseil de l’Europe et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, la Croatie aurait expulsé collectivement 2 500 migrants depuis le début de l’année 2018, dont 1500 qui n’auraient pas pu déposer leur demande d’asile.

Page réalisée par Maëva Villard
Sources : presse, Migration News Sheet, Migreurop, site asile.ch

CEDH : Convention européenne des droits de l’homme

CourEDH : Cour européenne des droits de l’homme

CJUE : Cour de justice de l’Union européenne

DFJP : Département fédéral de justice et police

HCR : Haut Commissariat pour les réfugiés

MNA : mineur non accompagné

SEM : Secrétariat d’État aux migrations

TAF : Tribunal administratif fédéral

UE : Union européenne