EvacuerMAINTENANT | La situation dans le nouveau camp
L’association EvacuerMAINTENANT composée de 132 organisations suisses s’est constituée en 2020 autour de l’accueil des personnes réfugiées bloquées en Grèce. Elle transmet régulièrement des informations sur la situations dans les hotspots grecs et leurs actions auprès des autorités suisses pour demander un accueil plus généreux. Leur dernière Newsletter « La situation dans le nouveau camp » détaille les conditions de vie toujours plus difficiles à Samos et à Lesbos, en lien avec des dégâts naturels mais également face à la pandémie de COVID-19. Ses signataires rappellent la responsabilité de l’Union européenne face à ces situations tragiques et en appellent à une action urgente: « Des solutions véritables sont nécessaires pour protéger les droits et la dignité des personnes en fuite ! Les gens doivent être évacués immédiatement des camps situés sur îles grecques. Cela d’autant plus en pleine pandémie. La misère calculée par l’Europe doit prendre fin. «
Cette Newsletter a été envoyée le 11 novembre 2020 par l’Association EvacuerMAINTENANT. La newsletter appelait également à la participation à une journée d’action à l’échelle européenne a eu lieu dans le cadre de la campagne #EuopeMustAct le 15 novembre 2020.
La situation dans le nouveau camp
La semaine dernière, les îles grecques et certaines parties de la Turquie ont été touchées par un tremblement de terre de magnitude 7,0 et ont été inondées. Dans le camp de Samos, il y a eu un autre grand incendie dans la nuit de samedi à dimanche, dans lequel près de 300 personnes ont perdu leurs derniers biens. Le nombre de cas de COVID-19 augmente également de façon constante dans les camps. En outre, un confinement national a été annoncé dans toute la Grèce à partir du vendredi 7.11.2020. Les personnes, qui vivent dans les conditions indignes des camps sans pouvoir s’échapper, seront particulièrement touchées. Pour elles, cela signifie, entre autres, être exposées en continue à la misère qui les entoure dans les camps sans aucune distraction (comme les promenades, le sport, Internet ou l’école) et avec moins de nourriture.
Des solutions véritables sont nécessaires pour protéger les droits et la dignité des personnes en fuite ! Les gens doivent être évacués immédiatement des camps situés sur îles grecques. Cela d’autant plus en pleine pandémie. La misère calculée par l’Europe doit prendre fin.
L’échec de la politique migratoire européenne
Au lieu de mettre les réfugiés de l’île de Lesbos en sécurité et de les évacuer après les incendies de Moria, ils ont d’abord dû attendre pendant des jours dans les rues autour des ruines de l’incendie, dans ce qu’on appelle la « zone », où ils étaient entourés par des policiers et de militaires. Au bout de dix jours, un nouveau camp s’est soudainement installé sur un ancien champ de tir en un temps très court. Le camp de fortune peut au mieux être décrit comme un abri d’urgence temporaire, mais il est loin d’être adapté à l’hiver qui approche, ce que confirme aussi clairement le HCR. Il n’est tout simplement pas possible de prendre les mesures nécessaires sur l’ancien site militaire pour que les gens sortent indemnes de l’hiver. Il n’y a pas d’approvisionnement en eau, pas de système d’égouts, pas d’alimentation électrique et les tentes sont beaucoup trop proches les unes des autres et dangereusement proches de la mer. Le sol de l’ancien champ de tir est contaminé par des munitions et on y trouve sans cesse des cartouches et des explosifs non dégoupillés. Les tentes d’urgence du HCR ne sont pas étanches, il n’y a pas de chauffage pour l’hiver à venir et pas d’ombre en été. En bref, la prochaine catastrophe est préprogrammée. L’UE avait communiqué qu’il ne devrait plus y avoir de « nouveaux Moria » – mais dans la pratique, ces promesses ne sont pas tenues. Et les projets de procédures d’asile accélérées suscitent également de sérieuses craintes : les organisations d’aide juridique n’ont toujours pas accès au nouveau camp et des milliers de réfugiés reconnus sont déjà exclus des programmes d’aide de l’État. Ils finissent dans les rues d’Athènes ou sont expédiés dans des entrepôts où ils sont complètement livrés à eux-mêmes.
La politique européenne en matière de migration est inhumaine et viole en pratique les accords et traités internationaux. Près de deux mois se sont écoulés depuis l’incendie de Moria. Cependant, les catastrophes avec lesquelles les habitants des îles de la zone sensible doivent vivre au quotidien et qui mettent sans cesse à l’épreuve leur santé et leur sécurité physiques et mentales ne s’arrêtent pas là.