Chroniques Europe | Du 23 novembre 2020 au 16 janvier 2021
23 novembre : 297 personnes sont mortes depuis 1999 en tentant de franchir la frontière entre la France et la Grande-Bretagne, rappelle le Gisti à l’occasion de la publication de l’enquête «Deadly Crossings and the Militarisation of Britain’s Borders» réalisée en collaboration avec l’Institute of Race Relations (IRR) et le groupe de Londres du Tribunal permanent des peuples. Accidents mortels de personnes exilées tentant de traverser la zone frontière, violences policières, ou encore confiscation d’effets personnels, activistes français et britanniques ne cessent d’alerter sur les tragédies humaines provoquées par les politiques migratoires de la France et de l’Angleterre.
14 décembre : En France, une sénatrice écologiste a déposé une proposition de loi visant à interdire les examens osseux par radiographie, qui ont pour but de déterminer si une personne est mineure. Décriée entre autres pour sa marge d’erreur très élevée (3 ans), la détermination de la minorité par test osseux avait été approuvée par le Conseil Constitutionnel en 2019. Elle est pratiquée en Suisse depuis des années.
17 décembre : La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) condamne la Hongrie (arrêt C-808/18) pour avoir empêché l’«accès effectif à la procédure d’octroi de la protection internationale» par l’instauration de zones exclusives pour le dépôt d’une demande d’asile (Röszke et Tompa) et en avoir limité l’accès. De ce fait les personnes en quête de protection ont été «confrontées […] à une quasi-impossibilité de présenter leur demande», estime la Cour. Les obliger, de plus, à rester dans la zone durant la procédure d’examen de leur demande s’apparente à de la rétention.
18 décembre : Dans une lettre ouverte s’adressant aux autorités maltaises, italiennes, libyennes, mais également à l’OIM, l’UNHCR et à Frontex, l’ONG Alarmphone exige une enquête publique sur la disparition survenue le 9 février 2020 de 91 personnes à bord d’un bateau en caoutchouc, vers les côtes libyennes. L’ONG, avait reçu un appel de passagers en détresse, signalé ce cas aux garde-côtes libyens et transmis l’information aux autorités maltaises et italiennes. Depuis, Alarmphone n’a cessé de demander des explications, sans réponse. Par égard pour les proches des disparu·e·s, elle exige une enquête publique.
21 décembre : SOS-Méditerranée annonce que son bateau humanitaire l’«Ocean Viking», immobilisé dans un port sicilien depuis le 22 juillet 2020, a été libéré par les garde-côtes italiens. «Après des mois de discussions avec les parties concernées et des aménagements coûteux pour répondre aux exigences de sécurité supplémentaires fixées par les autorités italiennes», l’ONG se dit être «soulagée de pouvoir reprendre la mer et ses opérations de recherche et de sauvetage en 2021».
6 janvier : De nombreux médias alertent sur le sort en Bosnie-Herzégovine de plus d’un millier de personnes à la rue dans un temps glacial suite à la destruction le 23 décembre 2020 du camp de Lipa, proche de la frontière européenne, par un incendie. Une situation «totalement inacceptable» a dénoncé le représentant spécial de l’UE en Bosnie qui appelle à reconstruire le camp. La Croix Rouge de Bihac a apporté une aide humanitaire, mais aucune solution de relogement d’urgence n’a été trouvée pour l’instant, en raison de différents politiques et l’opposition de la population. Ouvert en avril 2020, le camp était géré par l’OIM qui a publiquement annoncé son retrait en décembre, car «les conditions n’y étaient pas réunies pour abriter ses résidents pendant l’hiver ». L’incendie est survenu peu après.
16 janvier : À Besançon (FR), un boulanger met fin à sa grève de la faim après avoir obtenu la régularisation de son apprenti par la Préfecture. À l’annonce de la menace d’expulsion de l’apprenti guinéen, arrivé en France à 16 ans et protégé jusqu’en 2020 par son statut de mineur, le patron d’une boulangerie avait entamé une grève de la faim le 3 janvier 2021, un évènement très médiatisé. Une pétition avait recueilli plus de 200000 signatures en soutien à l’apprenti et son employeur. D’après France3-régions, «le jeune va pouvoir terminer son apprentissage et continuer à travailler dans la boulangerie».