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Notre regard

Chroniques Europe du 13 janvier au 5 mars

Julien Norberg

EUROPE

13 janvier

À travers une déclaration de coopération avec l’Afghanistan, l’UE montre qu’elle a l’intention d’intensifier sa politique d’expulsion dans les années à venir. L’acceptation de ce nouvel accord migratoire donnerait l’autorisation d’expulser jusqu’à 500 personnes par mois.

29 janvier

Les députés de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) ont constitué un groupe de travail destiné à passer au crible l’action de Frontex, en lien aux nombreuses enquêtes journalistiques, rapports d’ONG ou encore déclarations du gouvernement allemand (voir les VE 179/octobre 2020 et 180/décembre 2020). Ceux-ci faisaient état de cas de refoulements illégaux de personnes migrantes, de harcèlement moral, de pressions sur les employé·es, etc. Bien qu’une enquête interne à l’agence fut menée (et clôturée très rapidement en concluant qu’il n’est pas possible de démontrer les fautes qui lui sont reprochées), le groupe de travail du Parlement européen ouvrira son enquête le 3 mars 2021.

12 février

En France, une procédure de dissolution lancé par le Ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin et officialisée le 3 mars vise le groupe d’extrême droite «Génération Identitaire». De nombreuses dénonciations et plaintes ont été déposées par des associations et des organisations contre ce groupuscule pour les nombreuses opérations anti-migrantes effectuées dans les Alpes ou les zones urbaines. Le Ministère reproche à Génération identitaire la propagation d’une idéologie «suprémaciste et néo-fasciste» et les considère comme un risque pour la sécurité intérieure.

17 février

Une ONG allemande, la GFF, porte plainte auprès du Commissaire fédéral à la protection des données. Elle accuse les autorités du pays d’avoir violé le droit à la vie privée numérique. Même si une loi de 2017 autorise la consultation des téléphones portables afin de vérifier la nationalité d’un·e demandeur·euse d’asile, l’ONG critique le manque de transparence du logiciel utilisé pour analyser les données. En outre, les coûts seraient bien trop importants au regard des résultats qui corroborent souvent la version du/de la requérant·e.

18 février

Des dispositifs technopoliciers sont déployés aux frontières de la forteresse européenne. Ils sont financés, soutenus et expérimentés par l’UE. Ainsi des drones autonomes conçus pour reconnaître les humains et savoir s’ils commettent des «infractions». Ces engins sont actuellement expérimentés en Grèce, au Portugal et en Hongrie. Autre exemple: un logiciel conçu pour analyser les émotions des personnes lorsqu’elles sont interrogées, pour détecter si elles désirent franchir une frontière.

2 mars

Le Danemark devient le premier pays à déclarer certaines régions de Syrie comme sûres. Le gouvernement danois a retiré le permis de résidence à une centaine de Syrien·nes, souhaitant mettre la pression sur ces réfugiés. Copenhague a aussi annoncé vouloir les envoyer dans des centres de renvoi.

5 mars

Les ONG d’aide aux migrant·es en mer Méditerranée sont à nouveau attaquées par la justice italienne. Les procureurs de deux villes siciliennes demandent l’ouverture d’un procès. Ils accusent les ONG de complicité avec les passeurs libyens, de déchets camouflés, d’aide à l’immigration illégale, de corruption, pour des faits remontant à 2016 et 2017. Médecins sans frontières, Jugend Rettet, Save the Children, Mediterranea dénoncent un acharnement politique et juridique. Un mois plus tôt, une coalition d’ONG dont MSF fait partie, dénonçait les conséquences de quatre ans d’accord entre l’Italie et Tripoli, et notamment le soutien italien aux pratiques libyennes de «sauvetage», rappelant que la Libye est un pays «non sûr».

Julien Norberg