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Notre regard

VE 186 | L’aide d’urgence. La dissuasion en échec

La nouvelle édition de la revue Vivre Ensemble met le focus sur l’aide d’urgence. Un dispositif peu connu du grand public aux conséquences humaines désastreuses. Près de 20 ans après son introduction en Suisse, notre dossier thématique invite à interroger la pertinence de cette politique. Il s’inscrit dans le cadre de plusieurs débats organisés au mois de mars.

Nous vous parlons également de la levée de bouclier des médecins contre les tests covid-19 sous la contrainte, des retrouvailles d’Aline avec ses enfants après 4 ans et demi de bataille juridique (notre édition 184), de la suite du débat sur l’apprentissage des jeunes débouté·es au Parlement fédéral et donnons quelques pistes pour déconstruire les quelques préjugés que ne manqueront pas d’avancer les opposants à la campagne sur Frontex, en perspective de la votation du 15 mai 2022. Lire à ce propos notre éditorial (en ligne).

Vers le sommaire complet


Revue Vivre Ensemble n°186 / Dessin Ambroise Héritier

Dossier Aide d’urgence

L’ «aide d’urgence» est une mesure à but dissuasif introduite dans les années 2000 pour inciter les personnes déboutées de l’asile à quitter rapidement le territoire suisse. Il s’agit en réalité d’une suppression de l’aide sociale normalement octroyée aux personnes relevant de l’asile. L’idée était qu’en dégradant considérablement leurs conditions d’existence, les personnes s’en aillent d’elles-mêmes ou disparaissent dans la clandestinité. Une stratégie fondée sur la croyance que la majorité des personnes viennent en Suisse pour profiter de sa richesse et n’ont pas de motif de fuite…

Techniquement, les personnes dont la demande d’asile a été refusée ou frappées d’une décision de non-entrée en matière perdent leur autorisation de travail en même temps que toute aide sociale. Or, l’art. 12 de la Constitution fédérale oblige l’État à apporter une aide aux personnes en situation de détresse et n’étant pas en mesure de subvenir à leur entretien. C’est ce dispositif de subsistance que l’on appelle l’aide d’urgence. Qui sont les personnes touchées ? Atteint-elle ses objectifs? Comment la Suisse peut-elle moralement composer avec l’idée que des hommes, des femmes et des enfants vivent durablement dans ce régime initialement pensé comme temporaire ? Retrouvez notre éclairage (en ligne), des témoignages, une réflexion autour des enjeux éthiques par Pierre Bühler.

Renvois: dépistages coercitifs du covid-19

Parmi les autres articles proposés dans cette édition, l’introduction de tests covid-19 sous la contrainte. Une modification urgente de la loi sur l’asile au cœur de l’été 2021 a rendu possibles des dépistages forcés en vue du renvoi lorsque les personnes refusaient de s’y soumettre. Selon un article de la NZZ am Sonntag (12.02.2022 Ladina Triaca) Asylsuchende zum Corona-Test gezwungen: «Glauben Sie ernsthaft, dass der freiwillig gespuckt hätte?», 82 personnes y ont déjà été soumises par des médecins visiblement peu regardant des principes déontologiques de leur profession. L’Académie suisse des sciences médicales qui n’a pas été consultée mais a publié une prise de position suite à la modification législative estime qu’une telle pratique est en « violation aux principes éthiques de la médecine ». On lit dans ses recommandations aux professionnels de la santé une claire invite à ne pas procéder à de tels tests. Eclairage du Dr Pierre Corbaz, médecin, éthicien et membre de l’association Médecins Actions Santé migrant·es (MASM).

Frontex. Une rhétorique sulfureuse

La revue propose également quelques pistes visant à déconstruire certains mythes que l’on voit déjà brandis par les opposants ou hésitants au référendum sur Frontex. Dans une prise de position au lendemain de l’annonce de l’aboutissement de la récolte de signatures, un élu PLR a en effet déployé un vaste arsenal argumentatif contre le référendum. Mythe de l’« invasion », «réfugiés économiques », « collusion avec les passeurs ». Nous y répondons dans notre éditorial et dans un dossier documentaire qui sera complété au fil du printemps.

Et ne manquez pas

  • Notre Chronique monde sur la Turquie, et ses relations historiques avec le continent africain
  • L’épilogue heureux du long parcours kafkaïen d’Aline, qui s’est battue durant 4 ans et demi pour se voir reconnaître l’asile et parvenir à faire venir ses enfants en Suisse. Un combat pour la justice, où la solidarité a été essentielle.
  • Un retour sur la motion Grossen, qui sera débattue lors de cette session de printemps au Conseil des Etats, appelant à laisser les jeunes débouté·es terminer leur formation.

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