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Emploi

3.1/ Les motivations à apprendre une langue nationale suisse

Connaître la langue du pays dans lequel on vit ouvre de nombreuses portes: elle permet de se faire des ami·es, d’avoir un travail ou de pouvoir suivre une formation, de soutenir ses enfants à l’école, de réaliser des démarches administratives, de se défendre contre une éventuelle injustice. Elle permet tout simplement d’échanger, d’expliquer qui nous sommes, avant de faire partie de notre identité et de nous permettre de construire une vie normale.

L’apprentissage d’une langue pour une personne réfugiée ne s’arrête pas au défi personnel ou à un objectif de carrière bilingue. C’est souvent une condition sine qua non à la pérennisation de son permis, à la transformation de celui-ci dans un statut plus stable, à la réunification familiale et pour rejoindre un cursus de formation ou exercer un métier. À cet égard, certaines professions ne demandent pas un niveau minimum en français, en allemand ou en italien, mais d’autres oui. 

Ci-dessous, vous trouverez un aperçu des exigences linguistiques auxquelles les personnes sont confrontées pour obtenir un permis étranger, 2) s’inscrire dans une école ou institution en Suisse et 3) pratiquer certains métiers.

«Les bénéficiaires sont extrêmement motivés et très preneurs des cours de français. Cette population est convaincue que la maîtrise de la langue est capitale. Cela va de soi pour elle. Ensuite, le suivi individualisé, sur mesure, permet de financer des cours de langue en fonction des objectifs professionnels, et ce, dans certains cas, aussi en cours d’emploi.»

Larissa Bochsler, Chargée de projets, REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE, Département de la cohésion sociale (DCS), Office de l’action, de l’insertion et de l’intégration sociales, Bureau de l’intégration et de la citoyenneté

Stabilisation du séjour: exigences linguistiques et permis

La maîtrise de la langue locale, c’est la possibilité de créer des liens sociaux, mais c’est aussi la porte vers une stabilisation de son séjour en Suisse.

Si une personne réfugiée ou admise à titre provisoire souhaite faire venir sa famille en Suisse, son ou sa conjoint·e devra attester d’un certain niveau de la langue parlée dans le canton de domicile. Les enfants célibataires de moins de 18 d’une personne relevant de l’asile en Suisse ne sont pas concernés. Les personnes qui auraient un handicap, une maladie ou une autre raison personnelle valable peuvent être exemptées d’acquérir un certain niveau de langue.

Le tableau ci-dessous explicite les exigences linguistiques requises pour les différents objectifs:

Tableau : Exigences linguistiques requises en fonction des permis et des objectifs visés 

ObjectifsExigences linguistiquesDétails
Permis BA1 à l’oralRegroupement familial
• Pour rejoindre en Suisse par regroupement familial son conjoint titulaire d’une autorisation d’établissement (permis C) ou de séjour (permis B)
• Pour rester en Suisse après la séparation du couple (art. 77 OASA)
Permis FA1 à l’oral• Pour rejoindre en Suisse son conjoint titulaire d’une admission provisoire
Permis C A2 à l’oral
A1 à l’écrit
• Pour obtenir une autorisation d’établissement (permis C) après dix ans de séjour
• Pour obtenir une autorisation d’établissement (permis C) en tant que conjoint d’un-e titulaire d’une autorisation d’établissement ou d’un ressortissant suisse     
Permis C anticipé
B1 à l’oral
A1 à l’écrit
• Pour obtenir de manière anticipée une autorisation d’établissement (permis C) après cinq ans de séjour
Pour l’acquisition de la nationalité suisse
B1 à l’oral 
A2 à l’écrit
• Naturalisation ordinaire après 10 ans de séjour en Suisse (pratique cantonale : langue nationale parlée au lieu de domicile) 
• Naturalisation facilitée de conjoints de Suisses de l’étranger à condition d’avoir vécu 6 ans en communauté conjugale. Les exigences linguistiques sont l’aptitude à communiquer oralement au quotidien. Les connaissances linguistiques sont évaluées lors d’un entretien avec le requérant auprès de la représentation suisse compétente.

Source[1]«Questions fréquentes concernant l’attestation des compétences linguistiques requises pour la délivrance d’une autorisation de séjour (B) ou d’établissement (C)» du Secrétariat … Lire la suite.

Accès aux formations (Exigences linguistiques & formation)

La maîtrise de la langue locale, c’est la possibilité de se faire comprendre, mais c’est aussi essentiel pour suivre certaines formations et réaliser le métier de ses rêves. 

Afin de débuter une formation en Suisse, une personne devra prouver un certain niveau de langue, souvent élevé. Cette règle s’applique à toute personne souhaitant rejoindre une institution de formation, notamment à tous les étranger·ères dont la langue maternelle est différente de celle de l’enseignement; qui n’auraient pas déjà suivi une formation dans cette langue ou qui ne peuvent attester de toute autre manière de très bonnes connaissances de celle-ci. Ces exigences sont nécessaires afin de garantir à la personne de bonnes conditions de formation, pour qu’elle puisse suivre les cours et les comprendre. 

Une personne réfugiée en Suisse peut très bien connaître déjà une langue nationale. Pour d’autres, il faudra atteindre un bon niveau de langue avant de pouvoir s’inscrire dans une école. Le tableau ci-dessous, non exhaustif, liste quelques institutions de formation et les exigences linguistiques pour y entrer.

Tableau : Exemples d’exigences en termes de connaissances linguistiques

École, InstitutionNiveau de langue exigéSources
HEP Vaud
C2 en français ; ou avoir suivi durant 5 ans une formation en françaisPour plus de détails
Université de GenèveEn règle générale B2 en françaisPour plus de détails
ETH ZurichC1 en allemand ; ou avoir suivi un programme de Bachelor durant au moins 3 ans en allemand Pour plus de détails

Exigences linguistiques & métiers

La maîtrise de la langue locale, c’est la possibilité d’exprimer ses convictions et ses valeurs, mais c’est aussi essentiel pour réaliser le métier de ses rêves.

Pour certaines professions réglementées [2]voir chapitre 7, professions réglementées en Suisse, un certain niveau de langue (allemand, française ou italien) est exigé. Aussi, de manière générale, la société peut parfois attendre un niveau élevé de langue pour exercer certains métiers, alors que ce n’est pas nécessaire et ainsi bloquer ou retarder l’accès à une formation ; et à un emploi. Cependant, pour certains métiers, on se comprend très bien avec les gestes et des paroles mêmes maladroites. Les compétences techniques faisant le reste. Un niveau de langue élevé n’est pas toujours nécessaire, et les personnes peuvent améliorer leurs connaissances linguistiques en cours d’emploi. 

Pour aller plus loin:

  • Soutiens aux entreprises