8.3 Stabiliser son séjour
Un travail est une condition souvent sine qua non pour obtenir un permis de séjour plus durable (permis B) et, in fine la naturalisation. Cela concerne notamment les titulaires d’un permis F (admission provisoire).
La transformation de ce permis F (ou S) en permis B, qui garantit plus de droits et libère la personne de la pression d’un renvoi [1]Voir levée d’admission provisoire., s’obtient sous plusieurs conditions, dont l’indépendance financière. Un travail est alors souvent nécessaire, si un héritage, une fortune ou tout autre apport financier d’un tiers ne peut suffire à sortir de l’aide sociale.
Pour en savoir plus: Va-t-elle rester durablement en Suisse ?, Transformation du livret F en séjour durable (permis B)
Décourager les réfugié·es : le meilleur moyen de les tenir écarté·es du marché du travail
Contrairement à l’objectif visé par une réforme de l’asile menée au Danemark, l’élévation des exigences pour obtenir le statut de résident·e permanent·e a entraîné une baisse du taux d’emploi parmi les personnes réfugiées (Arendt, Dustmann, Hyejin Ku, 2025)[2]Permanent Residency and Refugee Immigrants’ Skill Investment, Jacob Nielsen Arendt, Christian Dustmann and Hyejin Ku, Journal of Labor Economics, Volume 43, Number 2, April 2025. Published for … Lire la suite. La réforme exigeait un nombre d’années minium de travail et un niveau plus élevé de connaissances linguistiques pour obtenir le statut de résident·e permanent·e. L’objectif était d’augmenter le taux d’emploi et le niveau de langue. L’effet aura été inverse, voire contre-productif.
Des conditions trop élevées pour améliorer son statut peuvent être perçues comme inaccessibles et décourager les personnes en quête de meilleures conditions de vie, notamment si elles sont déjà fragilisées par le parcours d’exil. Les auteurs avertissent: si la barre est placée trop haut, les effets sur l’intégration peuvent être inefficaces, voire dissuasifs.
Cette étude fait prendre conscience d’une réalité: favoriser l’intégration socioprofessionnelle des personnes relevant du domaine de l’asile passe par des politiques publiques adaptées à la réalité du terrain, des processus rapides et des comportements ouverts de la part des recruteurs et recruteuses. Si une personne voit sans cesse son CV recalé, il y a de fortes chances qu’elle se décourage. Or, une personne réfugiée en Suisse, reconnue comme telle, sous protection ou admission temporaire, ne va pas pour autant retourner dans son pays, qu’elle a quitté pour se protéger. Offrir sa chance aux personnes relevant du domaine de l’asile est productif pour toutes les parties, y compris la société.
Notes
| ↑1 | Voir levée d’admission provisoire. |
|---|---|
| ↑2 | Permanent Residency and Refugee Immigrants’ Skill Investment, Jacob Nielsen Arendt, Christian Dustmann and Hyejin Ku, Journal of Labor Economics, Volume 43, Number 2, April 2025. Published for the Society of Labor Economists, Economics Research Center/ NORC. |